20 Minutes (Bordeaux)

Des milliers de personnes ont rendu hommage à Jacques Chirac aux Invalides

Dimanche, un hommage populaire a été rendu à Jacques Chirac, décédé jeudi

- Hakima Bounemoura Laure Cometti

Elles ont bravé le froid et la pluie. Patientant des heures sous une fine pluie, plusieurs milliers de personnes sont venues rendre dimanche aux Invalides (Paris, 7e) un dernier hommage à Jacques Chirac, décédé jeudi à l’âge de 86 ans. Le cercueil de l’exchef de l’Etat, couvert d’un drapeau bleu blanc rouge, était exposé à l’entrée de la cathédrale Saint-Louis-desInvalid­es, veillé par quatre gardes républicai­ns.

«Cela fait trois heures que nous sommes là. Mais nous sommes prêts à attendre jusqu’à la tombée de la nuit », expliquait Xavier, croisé devant les grilles de la cour pavée des Invalides. « Adieu président, vous nous manquez déjà. » Comme Lucie, certains se sont exprimés avec des pancartes. D’autres avaient amené des fleurs et même des pommes… Dans la file d’attente, qui s’étendait sur des centaines de mètres, certains se montraient plus critiques. « Il a fait des choses pas terribles, quand même. Mais c’est quelqu’un qui a marqué l’histoire de la France, et mon histoire. Et c’est pour ça que je suis là », précisait Françoise, enseignant­e à Paris.

Cet hommage populaire, voulu par la famille de l’ancien président, devait se prolonger dans la soirée. « Tant qu’il y aura du monde, ça restera ouvert », indiquait-on à l’Elysée. « La seule limite est 7 h du matin lundi », pour laisser la famille rendre hommage à Jacques Chirac dans l’intimité, avant les honneurs militaires, en présence d’Emmanuel Macron.

« Il a marqué l’histoire de la France, et mon histoire. » Françoise, enseignant­e présente dans la foule, dimanche

«Je me suis fait enguirland­er par Lionel Jospin parce que j’avais dit que Chirac était sympa. » Il y a dix-huit ans, Pierre Moscovici, alors ministre dans le gouverneme­nt de cohabitati­on, avait eu un mot gentil pour le président de droite sur un plateau télé. Ce que le Premier ministre socialiste, en pleine campagne pour la présidenti­elle de 2002, n’avait guère apprécié. Mais l’actuel commissair­e européen n’est pas le seul adversaire du président à avoir loué ses qualités humaines. Car le Chirac «sympa» a parfois éclipsé le «tueur politique», comme l’a qualifié Bernard Tapie après l’annonce de son décès, jeudi.

«Le Chirac des débuts a plutôt une image rigide», observe l’historien Jean Garrigues. Le «jeune loup» se lance en politique dans les années 1960 et va connaître une ascension fulgurante, n’hésitant pas à trahir sa famille politique. «Il a vraiment commencé à émerger par un coup de poignard dans le dos asséné à Jacques Chaban-Delmas», rappelle Jean Garrigues. Notamment un «appel des 43», qui lui permet de torpiller la candidatur­e du Bordelais à la présidenti­elle de 1974, puis de récupérer Matignon. «Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, il a ensuite sciemment provoqué la rupture avec lui pour prendre la main sur le parti UDR, poursuit l’historien. Il a détruit tous ceux qui se sont mis sur son chemin, comme Philippe Séguin, et il a exercé une vengeance assez rude à l’égard de Nicolas Sarkozy.» Son successeur à l’Elysée, justement, dénoncera un décalage entre l’image de Jacques Chirac et la réalité : « On a toujours dit de [lui] qu’il était con, gentil et généreux. C’est tout le contraire : il est intelligen­t, complexe et très intéressé.»

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##JEV#144-85-https://bit.ly/2ohS2bf##JEV# La foule a dû patienter des heures sous une pluie fine sur des centaines de mètres.

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