Dans «American Horror Story», l’année 1984 fout la trouille
La saison 9 d’«American Horror Story», diffusée sur Canal+ Séries, nous offre une version flippante et fluorescente des années 1980
La série horrifique « American Horror Story » (« AHS » pour les intimes) a repris pour une neuvième saison intitulée «1984». Et Ryan Murphy, le créateur, n’a pas choisi cette date au hasard. Alors que le troisième épisode sera diffusé vendredi à 22h45, 20 Minutes vous explique pourquoi.
1984, apogée du slasher. Les premiers épisodes mettent en scène cinq vingtenaires débarquant dans une colonie de vacances pour y travailler comme moniteurs. Le Camp Redwood, théâtre d’un massacre quatorze ans plus tôt, n’est pas sans rappeler celui de Crystal Lake, où se déroulait Vendredi 13… Ce qui n’a rien d’une coïncidence : cette saison multiplie les références aux slashers. Ce sous-genre du cinéma d’horreur, né avec Halloween de John Carpenter en 1978, est très codifié. Le concept : des jeunes assassinés les uns après les autres par un psychopathe masqué. Vendredi 13 (1980) cherchait déjà à surfer sur le succès de Halloween, et le début des années 1980 est l’âge d’or du slasher. L’année 1984 voit ainsi sortir Douce Nuit, sanglante nuit, Freddy, les Griffes de la nuit et Vendredi 13, Chapitre final. Parmi les clins d’oeil au sous-genre décelés dans «AHS», citons le tueur qui s’échappe de l’hôpital psychiatrique (comme dans Halloween), la halte à la station-service (comme dans Massacre à la tronçonneuse) ou le fait qu’Emma Roberts arbore une chevelure brune (comme dans Scream 4) alors qu’on l’a toujours vue blonde dans «AHS».
1984, année olympique. Cette année-là, les Jeux olympiques d’été se tiennent à Los Angeles. La série fait donc fréquemment allusion aux épreuves sportives, à travers des bribes de reportages et de bulletins radio. La frénésie provoquée par l’événement (ainsi que le meurtrier en série sévissant en ville) est un bon prétexte pour inciter les héros de la série à se mettre au vert. Parmi eux, Chet Clancy, athlète écarté de la sélection américaine. «Fuck the OIC!» («J’emmerde le CIO [Comité international olympique]!»), lâche-t-il. La réplique serait anecdotique si Chet Clancy n’était pas interprété par Gus Kenworthy, skieur acrobatique américain médaillé d’argent aux Jeux de Sotchi (Russie) en 2014.
1984, victime de la mode. « AHS 1984 » joue à fond la carte vintage. Cette saison offre une débauche de coupes mulets, de minishorts improbables et de cours d’aérobic (pratique extrêmement tendance à l’époque). Le générique au synthé déroule Walkman, patins à roulettes et visage de Ronald Reagan souriant avec une délectation fétichiste. Le tout entrecoupé de striures d’hémoglobine et d’images abstraites à la patine VHS. Faut-il y voir une volonté de surfer sur la nostalgie, tel un « Stranger Things » – dont la saison 2 se déroulait en 1984 –, ou bien un commentaire sur la fascination qu’exercent encore les eighties (sur les plans esthétique, culturel et vestimentaire) aujourd’hui ?