Une stratégique chasse aux fuites chez les Bleus
Le sélectionneur veille jalousement sur sa composition d’équipe
Enceintes à la main, volume à fond, « Pookie » d’Aya Nakamura dans l’air… Gaël Fickou et Sofiane Guitoune, sortis du bus samedi avant l’entraînement, affichaient un petit sourire satisfait. Ça sentait la blague à plein nez. Confirmation du Toulousain, qui n’a pas pu se retenir d’en rire à l’issue du point presse matinal : «Tu l’as pris comme un message subliminal? On a bien rigolé, c’était une blague.»
La boutade a fait son effet auprès de l’assistance. Les « pookies », abréviation de « poucaves » (comprenez « balances »), sont les journalistes français qui suivent les Bleus au Japon. Car les membres du staff tricolore aimeraient bien que les médias cessent de faire fuiter les compositions d’équipe avant l’annonce officielle – celle du match contre les Etats-Unis aura lieu ce lundi. Ça avait été le cas avant l’Argentine, provoquant le mécontentement du sélectionneur, Jacques Brunel, qui s’était fendu d’un petit tacle aux journalistes. Ces fuites, dit-on, auraient permis aux Argentins de savoir que Romain Ntamack commencerait à l’ouverture. Alors, pour éviter que l’histoire ne se répète, des consignes ont été données aux joueurs, informés vendredi du XV qui commencera contre les Américains : ne pas donner la moindre indication sur la compo et envoyer paître quiconque demanderait un renseignement. «Il y a un intérêt stratégique à repousser au maximum le jour où les adversaires prendront connaissance de l’équipe, justifiait le vice-président de la FFR, Serge Simon. Si vous leur donnez quarante-huit heures avant, ils pourront l’analyser.» En conférence de presse, Maxime Médard se montrait fier d’avoir résisté à la tentation et rassurait le responsable presse, Lionel Rossigneux, face aux journalistes : «Je leur ai dit que je ne pouvais pas donner la compo. A part si on me donnait un peu d’argent !
Et c’est cher, très cher. » Juste avant, l’arrière toulousain avait pris la peine de servir la soupe patriotique pour justifier la prise de position interne : « Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous. C’est bien de bosser ensemble. » On a bien essayé de le faire, en proposant un embargo sur la composition d’équipe à Lionel Rossigneux, afin de permettre aux uns et aux autres de préparer des sujets en amont. Le staff a accepté le deal, mais l’accord a capoté, car certains médias, affirmant être déjà en possession de la compo, n’avaient aucun intérêt à s’y soumettre. Petite satisfaction néanmoins pour le staff : la presse avançait, samedi, des compos «probables», sans certitudes. Preuve que ça valait peut-être le coup de fermer la porte.