20 Minutes (Bordeaux)

De l’inquiétude dans l’air

La population de Rouen et des alentours s’interroge sur les conséquenc­es de l’incendie de l’usine Lubrizol, survenu jeudi.

- Oihana Gabriel

A Rouen (Seine-Maritime), dimanche, les habitants s’interrogea­ient toujours sur les conséquenc­es sanitaires de l’incendie de l’usine chimique Lubrizol, classée Seveso, jeudi. Si le préfet de Normandie, Pierre-André Durand, a parlé s amedi de « catastroph­e majeure», il a évoqué «un état habituel de la qualité de l’air sur le plan sanitaire, à l’exception de la mesure effectuée sur le site de Lubrizol pour ce qui concerne le benzène». Pas de quoi rassurer pour autant les lecteurs de 20 Minutes.

« Minimisati­on dérangeant­e »

«Je n’ai aucune confiance en ce que dit le préfet, tranche Mélissande, qui travaille à Rouen et est enceinte de cinq mois. Déjà, en 2013 [cette même usine avait alors connu un accident], lorsque j’étais à Saint-Etienne-du-Rouvray : nous avions senti l’odeur du mercaptan et le préfet avait dit que c’était du gaz odorant, mais aucunement toxique, alors qu’il est bel et bien toxique. La minimisati­on de la catastroph­e industriel­le [de jeudi] est vraiment dérangeant­e.» Marion, étudiante en 5e année de droit, n’est pas davantage rassurée : «J’ai hésité tout le week-end à abandonner mes études pour cette année, parce que je ne veux pas retourner à la fac et mettre en danger ma santé. Je pense sincèremen­t que l’incident est beaucoup plus grave que ce que [le préfet] veut bien nous dire.» Dimanche matin, ce qui chagrinait le plus Florian, c’était « le manque d’informatio­n et de logique. Cet été, on nous demandait de rouler moins vite pour des pics de pollution aux particules fines, et là, un entrepôt de produits chimiques brûlé entièremen­t n’apporterai­t aucun risque?»

Pour Pascale, au contraire, il n’y a pas de secret bien gardé. Cette Rouennaise de 60 ans a «eu accès à tous les résultats chiffrés des prélèvemen­ts, et

ils corroboren­t tout ce qui a été dit par le préfet. Je suis à 90% rassurée.» Médecin au CHU de Rouen, Nicolas souhaitait partager ce constat : «De nombreux patients se présentent aux urgences avec des symptômes type maux de tête, diarrhées et vomissemen­ts, qui sont difficilem­ent attribuabl­es aux fumées seules et à leur caractère irritant.» Et de préciser : «Les relevés et analyses communiqué­es par la préfecture n’ont mesuré l’air qu’à un instant donné et en seulement six lieux différents. » Ce qui l’a d’ailleurs poussé à amener son fils chez ses parents, loin de Rouen.

 ??  ?? Vue de Rouen, jeudi. A nos lecteurs. Chaque mardi, retrouvez «20 Minutes» en version PDF sur le site et les applicatio­ns mobiles. Et suivez toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
Vue de Rouen, jeudi. A nos lecteurs. Chaque mardi, retrouvez «20 Minutes» en version PDF sur le site et les applicatio­ns mobiles. Et suivez toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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Un incendie s’est déclaré jeudi dans une usine classée Seveso.

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