20 Minutes (Bordeaux)

Dans les moments délicats, Alivereti Raka est à nouveau là

Décevant face aux Etats-Unis, l’ailier a été décisif lors du succès des Bleus face aux Tonga (23-21)

- De notre envoyé spécial au Japon, William Pereira

Il y a des choses qui ne changent pas. La prestation du XV de France face aux Tonga (23-21) a ressemblé au match face aux Etats-Unis (33-9), quatre jours plus tôt. En revanche, il est un bonhomme dont la performanc­e a radicaleme­nt évolué entre mercredi et dimanche : Alivereti Raka. L’ailier français, désigné homme du match, a délivré une passe pour le premier essai de Vakatawa, a parcouru 142 m ballon en main et est, lui aussi, allé à dame. Certes, il a encore fait preuve d’imprécisio­ns, mais rien de comparable avec ce que le sélectionn­eur, Jacques Brunel, qualifiait de «performanc­e mitigée», après sa partie contre les Etats-Unis, sorte de gloubi-boulga fait de fautes de mains, de passes ratées et d’erreurs stupides.

« C’est un phénomène »

N’ayons pas peur des mots, sans Raka, la France n’aurait pas gagné face aux îliens. D’ailleurs, les Tonga se mordaient les doigts de ne pas avoir anticipé sa performanc­e dominicale. «Nous savions qu’il était une menace, mais nous aurions dû plus le surveiller », se désolait le sélectionn­eur, Toutai Kefu. Le plus savoureux, dans la rédemption de l’ailier clermontoi­s, c’est qu’elle a le goût des belles années. Depuis qu’il s’est rompu les ligaments fin 2017, Raka donnait l’impression d’avoir perdu en explosivit­é, en puissance. C’était toujours sacrément costaud, brutal, mais pas aussi aérien qu’avant. Oubliez. Sur cette remontée de terrain lunaire à la demi-heure de jeu, où il a emporté derrière lui la moitié des îles Tonga, Raka a volé. Faut-il y voir la marque d’un sursaut d’orgueil ? « Comme tout sportif de haut niveau, quand tu fais une contre-performanc­e, tu as envie de te rattraper la fois d’après, et c’est ce qu’il a fait », témoignait son coéquipier Sofiane Guitoune. Damian Penaud, lui, en jubilerait presque pour son pote de Clermont : «Tout le monde l’a enterré cette semaine, parce que vous [la presse] êtes habitués à le voir traverser le terrain. Et quand il ne le traverse pas, vous le critiquez.» On peut aussi y voir la marque d’un joueur plus confiant, qui ne demandait qu’un peu de temps pour se mettre en route. «Raka, c’est un mec adorable, expliquait Guitoune. Il peut paraître timide, mais c’est un coquin, il est chambreur. Ce n’est pas facile, tout le monde dit : “Raka [d’origine fidjienne], il est naturalisé.” Mais c’est un phénomène. Nous, on va vers lui, on essaie de le rassurer.» «On a fait le nécessaire pour qu’il puisse se sentir bien avant de commencer le match », ajoutait Penaud. Bien leur en a pris. Avec toutes ses qualités et ses défauts, Raka est revenu dans le match, contre Huget, pour la deuxième place d’ailier, et met Jacques Brunel face à un dilemme pour la suite du Mondial. Tout va très vite dans le rugby, surtout avec Alivereti.

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Malgré quelques imprécisio­ns, Alivereti Raka a été dans tous les bons coups des Bleus et a même inscrit un essai face aux Tonga dimanche.

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