Une majorité de divisions
L’Assemblée nationale aborde, ce lundi, la question de la politique migratoire. Un débat souhaité par Emmanuel Macron et qui sème la discorde dans les rangs du groupe LREM.
Ils ont eu plusieurs semaines pour s’y préparer, mais ils savent que le sujet est sensible. Le gouvernement et les députés de la majorité présidentielle vont devoir présenter leurs objectifs et leur stratégie en matière de politique migratoire, lors d’un débat sans vote prévu ce lundi à l’Assemblée. Emmanuel Macron avait lui-même fixé le rendez-vous en avril, au sortir du grand débat national. A la rentrée, le chef de l’Etat a appelé sa majorité à « regarder le sujet en face ». Ce qui a suscité l’inquiétude d’une partie des députés LREM, surtout son aile gauche. « Ça a été un tabou pour la majorité jusqu’ici », reconnaît le député du Val-d’Oise Aurélien Taché. L’exercice s’annonce difficile, reconnaît-il : « Notre vision sur le sujet n’est pas homogène. Mais si on ne la travaille pas assez, le danger, c’est de valider les thèses anti-immigration du RN. »
Si le sujet migratoire n’était pas au coeur de son programme présidentiel en 2017, le chef de l’Etat a multiplié les déclarations depuis quelques mois. Dans une tribune du 4 mars adressée aux « citoyens d’Europe », il a appelé à «remettre à plat l’espace Schengen ». Il a aussi interrogé les Français sur la mise en place de quotas d’immigration, dans sa lettre publiée le 13 janvier en pleine crise des «gilets jaunes». Mesure qui figurait dans le programme 2017 du candidat de la droite François Fillon.
Ce débat n’est pas sans risques pour la majorité. Il y a un an, les discussions sur le projet de loi asile et immigration avaient déjà fait naître des fissures dans le groupe des députés LREM. Pour apaiser les tensions, plusieurs cadres du parti ont publié une tribune vendredi dans Le Monde. Il faut, selon ce texte, « tout repenser » et « oser parler de l’immigration économique », en « identifiant des besoins » et en fixant «des objectifs chiffrés».
Prestations sociales revues ?
«Il est hors de question de ne pas se saisir de la question migratoire», insiste Matignon, qui prévient que les réponses apportées ne passeront «pas forcément» par la voie législative. Il pourra s’agir d’ajustements dans le budget 2020 ou de décrets. Trois ministères ont été invités à transmettre au Premier ministre leur diagnostic en matière d’immigration et leurs préconisations : Affaires étrangères, Santé et Intérieur. Parmi les pistes envisagées, une réduction du panier de soins pris en charge par l’aide médicale d’Etat (AME, lire aussi ci-contre) pour les sans-papiers, une réforme de la protection universelle maladie (Puma, ex-CMU), dont bénéficient les demandeurs d’asile.