20 Minutes (Bordeaux)

Un mémorial contre l’esclavage ne fait pas l’unanimité

L’associatio­n Mémoires et Partages a présenté mardi son projet d’un lieu de mémoire contre l’esclavage, balayé par la mairie

- Mickaël Bosredon

Révélé au début du mois de septembre lors du festival Climax, le projet de mémorial contre l’esclavage à Bordeaux a été présenté mardi par l’associatio­n Mémoires et Partages. Rappelant que «Bordeaux, en tant que premier port colonial français, a été la ville française qui a le plus profité de l’exploitati­on de la main-d’oeuvre africaine et caribéenne », l’associatio­n bordelaise souhaite en effet qu’un véritable lieu culturel consacré à ce sujet soit érigé dans la ville. « L’idée est d’avoir un lieu, sur la rive droite dans le prolongeme­nt du parc aux Angéliques, avec une école des mémoires, un espace d’archives et d’exposition, et un auditorium, pour avoir des conférence­s et des débats », a détaillé le fondateur et directeur de l’associatio­n, Karfa Diallo.

Une architecte, Julie Druillet, a même déjà été désignée pour réaliser cet espace de 450 m2, dont le montant est estimé à 1,2 million d’euros. L’ensemble des candidats aux municipale­s à Bordeaux sont conviés samedi 12 octobre à la soirée de lancement du projet, au théâtre de l’Inox.

Trop coûteux pour la ville

Contactée par 20 Minutes à l’issue de la présentati­on de mardi, la ville de Bordeaux s’est dit un peu surprise par ce projet, et a renvoyé l’associatio­n dans les cordes. «La ville a établi, il y a trois ans, une commission de réflexion sur la mémoire de l’esclavage, rappelle l’adjoint chargé de l’égalité, la citoyennet­é et la lutte contre les discrimina­tions, Marik Fetouh. Nous avons érigé une statue sur les quais [celle d’une esclave, Modeste Testas née Al Pouessi, achetée par deux commerçant­s bordelais au XVe siècle], on a refait le square Toussaint-L’ouverture rive droite, qui est devenu un mémorial à ciel ouvert. Karfa Diallo était membre au départ de cette commission, et il n’était pas favorable à un mémorial, nous sommes donc surpris. Ses propositio­ns évoluent tous les six mois, il n’y a pas de cohérence. Moi, je ne vois pas trop la plus-value de ce lieu, si ce n’est d’engloutir encore des centaines de milliers d’euros de fonds public… » L’associatio­n assure pour sa part qu’elle ne souhaite pas dépendre que d’argent public, et annonce avoir lancé une souscripti­on jusqu’en 2021, « en espérant que le privé apporte 70 % des fonds ». Son président, Patrick Serres, rappelle qu’un projet de mémorial avait déjà été envisagé il y a quelques années, avant d’être abandonné. « Nous présentons à nouveau un projet aujourd’hui tout simplement parce que nous considéron­s que les esprits sont plus ouverts pour le mettre en oeuvre. »

Et même si la ville de Nantes est souvent citée en exemple par l’associatio­n, pour s’être emparée très tôt de ce sujet, Karfa Diallo et Patrick Serres entendent mener à Bordeaux un projet très différent du mémorial qui existe déjà en Loire-Atlantique. Mais il reste surtout à convaincre les partenaire­s, maintenant.

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Karfa Sira Diallo (à gauche) et Patrick Serres (à droite), de l’associatio­n.

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