Les Bleus avancent avec un capitaine loin des terrains
La position de leader de Guilhem Guirado, qui est sur le banc mais a le soutien de ses partenaires, est toujours aussi bancale
Vous ne le savez pas, mais vous avez au moins un point commun avec Guilhem Guirado. Comme vous, le talonneur n’a pas été informé du forfait de Peato Mauvaka, jeudi. Comme vous, il a découvert la compo des Bleus pour le match face aux Tonga sur les réseaux sociaux. Problème, Guilhem Guirado est le capitaine de l’équipe de France. Une situation, informe Midi Olympique, qui l’agace. Car, depuis plus de six mois, et la fin du Tournoi des VI Nations, son statut est remis en cause.
A l’époque, le sélectionneur des Bleus, Jacques Brunel, et le vice-président de la FFR, Serge Simon, avaient essayé, en vain, de le pousser à renoncer à son statut. Un micmac qui avait débouché sur la création d’un groupe de discussions au sein de l’effectif. Ces arrangements internes, additionnés à la retraite internationale à venir du talonneur, nous avaient laissés penser que le dossier Guirado ne serait pas rouvert pendant le Mondial. Mais la réalité, explique L’Equipe, c’est que l’ambiguïté autour du capitaine n’a jamais cessé d’être. Ainsi, quand Serge Simon a eu l’idée, pendant le stage de préparation, d’organiser une réunion pour serrer la vis autour des sorties nocturnes, il a pensé au vice-capitaine, Jefferson Poirot, pour l’animer. Mais ce dernier a refusé, par loyauté. La situation du Bordelais est paradoxale : il est celui que la direction aimerait voir endosser le rôle de capitaine et est le plus grand soutien du roi que l’on échoue à renverser. «Le brassard appartient toujours à Guilhem Guirado», assurait le pilier. Mardi, après l’entraînement, Maxime Médard tenait le même discours : «Pour nous, c’est Guilhem le capitaine. Et quand il n’est pas sur le terrain, c’est Jeff [Poirot] ou Louis [Picamoles].» En voulant en dire peu, le Toulousain en a dit beaucoup. Quand il n’est pas sur le terrain, Guirado ne peut exercer ce qu’il lui reste de pouvoir sur un groupe. « En dehors du terrain, tu as les leaders qui s’imposent naturellement, nous disait Dimitri Yachvili avant le Mondial. Mais si le leader l’est seulement en dehors du terrain, il perdra sa légitimité, sa crédibilité.» Depuis le début de l’été, Guirado n’a été titularisé qu’en Ecosse et contre l’Argentine. Sans le forfait de Mauvaka, il n’aurait même pas été sur le banc face aux Tonga. Le but était «de le faire souffler », justifiait Brunel. Le faire souffler ou affaiblir son aura en le sevrant de terrain ? D’autant que, depuis le début de la compétition, Poirot est apparu deux fois en conférence de presse la veille de match, où la parole est donnée en priorité au capitaine, contre une seule fois pour Guirado. Drôle de passage de témoin, non ?
« Si le leader l’est seulement en dehors du terrain, il perdra sa légitimité. » Dimitri Yachvili, ex-international