20 Minutes (Bordeaux)

«En championna­t, on s’en fout d’hier»

Pascal Martinot-Lagarde, médaillé de bronze, évoque les Mondiaux

- Propos recueillis par Nicolas Camus

Champion d’Europe en 2018, Pascal Martinot-Lagarde a confirmé au niveau planétaire, en arrachant la médaille de bronze sur 110 m haies, lors des Mondiaux de Doha. De retour en France, il raconte sa fierté et ses impression­s sur cette compétitio­n disputée dans des conditions atypiques.

Vous avez dit que cette médaille était au-dessus de tout. Pourquoi?

Elles ont toutes leur histoire, mais celle-là était la plus dure à obtenir. L’année dernière, c’était grandiose. Mais, dans ma discipline, les Européens ne sont pas forcément les meilleurs. Il fallait passer un cran au-dessus, c’est pour ça que j’en suis très fier. D’autant que vous restiez sur deux quatrièmes places au niveau mondial… Ça avait été très très dur à digérer. C’était deux blessures en attente de guérison. Ce bronze a fermé la plaie. Vous répondez toujours présent au moment où il faut. Avez-vous un secret pour ça? Ce qui est primordial, c’est d’être mort de faim. Je l’ai été, et je le suis toujours. Comme ça, on arrête de penser à tout ce qui pourrait nous servir d’excuses, une mauvaise préparatio­n, des blessures, tout ça. Je suis arrivé au départ en me disant que le passé ne comptait pas. En championna­t, on s’en fout d’hier. Certains n’y arrivent pas... C’est très personnel. On n’est pas tous égaux devant l’adrénaline. Soit elle te fige, soit elle t’envoie de la force. Ça se travaille, la « bonne » adrénaline. Moi, j’arrive souvent à sortir ma meilleure perf de l’année en championna­t. Ça va me servir pour les JO. Quoi qu’il se passe avant, je me dirai que c’est possible.

Avez-vous ressenti une spirale négative autour du bilan négatif des Bleus ? Non, je n’y crois pas à ça. Les échecs des uns ne créent pas ceux des autres. On était soudés, tous les soirs, on se rassemblai­t pour encourager les potes. Mais, quand c’est à toi, tu es dans ton truc. Pendant mon échauffeme­nt, je ne ressentais pas la pression de devoir ouvrir le compteur des Bleus. Je cours pour moi, d’abord.

Qu’avez vous pensé des conditions particuliè­res à Doha, entre le climat et le stade quasi vide?

On était tous logés à la même enseigne. On s’est peut-être trop posé de questions, et on a perdu de vue l’essentiel, qui est de courir. Après, pour les marathonie­ns et les marcheurs, ce n’était pas possible. Maintenant, on sait qu’on ne peut pas faire un championna­t là-bas, au moins pour les épreuves longues. L’ADN d’un Mondial, c’est un stade rempli et une ambiance de malade. On ne l’a pas eue. Faire ces Mondiaux à Doha, ce n’était pas une décision prise pour les athlètes.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France