Grandes écoles, grande ouverture?
L’enseignement supérieur compte 38% de boursiers, alors que, dans les grandes écoles, ils ne sont qu’entre 11% et 19%. Pour changer la donne, la ministre a missionné en juin les Ecoles normales supérieures (Paris, Lyon, Rennes, Saclay), trois écoles de commerce (Essec, ESCP et HEC) et l’Ecole polytechnique afin qu’elles s’engagent sur le sujet. Lundi, elles ont remis à Frédérique Vidal leurs pistes d’action.
Parmi elles, un repérage précoce des futurs talents, un recrutement en dehors des classes prépa, un bonus pour les boursiers lors des concours… Cette dernière mesure fait partie des idées les plus novatrices.
Les candidats issus de milieux défavorisés se verraient ainsi attribuer des points bonus lors de la phase d’admissibilité du concours, qui a lieu sous forme d’épreuves écrites. Ceux qui touchent un montant de bourse plus élevé pourraient obtenir davantage de points que les autres. «On voit bien que la discrimination qui touche les boursiers à l’écrit s’estompe à l’oral», explique PierrePaul Zalio, président de l’ENS ParisSaclay. Mais, si elle est mise en place, cette mesure «suscitera des critiques», a reconnu Frédérique Vidal. «Ça va faire hurler ceux qui considéreront ce dispositif comme une remise en cause de la méritocratie républicaine», estime aussi Gérard Aschieri, rapporteur d’un avis du Cese intitulé « Réussir la démocratisation de l’enseignement supérieur». Et la mise en oeuvre sur le terrain risque d’être complexe : «Il faut trouver le bon niveau de bonus, car, s’il est trop important, on fera passer tous les boursiers à l’oral, en éliminant les autres candidats », prévient Pierre-Paul Zalio.