Rudi Garcia a toujours le mot de la fin
Le nouvel entraîneur de l’OL sait se montrer convaincant devant les dirigeants
La présentation officielle n’a pas suffi. Il fallait aussi faire le service après-vente. Le choix de mettre Rudi Garcia sur le banc de l’OL est surprenant. Alors, Jean-Michel Aulas, le président lyonnais, a tenté de convaincre une poignée de journalistes, lors d’une conversation informelle, mardi : «Est-ce que vous avez essayé de savoir pourquoi Rudi [Garcia] avait déjà été choisi à la Roma, plutôt que Laurent Blanc ? » Car « Rudi can’t fail » (coucou les Clash) en entretien d’embauche, pardi. « C’était une surprise totale de le voir nommé, mais il avait séduit tout le monde dans ses réunions avec les dirigeants», se souvient Andrea Di Carlo, journaliste pour Teleradiostereo, la radio la plus écoutée à Rome. Les négociations n’avaient pas été faciles, pour autant. Du coup, il a fallu que Garcia sorte le grand jeu : statistiques, tactique, analyse des saisons précédentes. Trois ans plus tard, pour un poste à l’OM, Rudi Garcia a aussi su convaincre Frank McCourt, en sortant notamment sa carte maîtresse : l’ambition. «Rudi m’a tout de suite dit qu’il voulait gagner la Ligue des champions, a raconté McCourt. J’ai immédiatement su que ce serait l’homme pour le poste.» A un niveau bien inférieur, l’ambition de Rudi Garcia avait déjà séduit Bernard Gnecchi, alors que son club de Dijon ferraillait en National. Le technicien avait observé des matchs bénévolement, fait un déplacement à Pau pour voir jouer sa potentielle équipe… « Rudi est un séducteur, raconte Gnecchi. Il sait s’adapter aux besoins de son interlocuteur, surfe sur le moment présent. Je suis sûr que, face à Aulas qui ne veut pas trahir Juninho [le directeur sportif], il s’est adapté à ce discours, tout en pensant que, petit à petit, il prendrait le dessus. Car il a aussi tendance à oublier le cahier des charges.» Exactement ce qu’il s’est passé à SaintEtienne en 1998 : Garcia espérait un poste d’adjoint, mais a découvert que la place était prise. Alors, il a tenté, au culot, de se vendre comme préparateur physique. Quand le coach en place Robert Nouzaret lui a demandé «s’il s’y connaissait un peu », Rudi Garcia a lâché avec aplomb «qu’il s’y connaissait en tout». «Je lui ai fait confiance sans savoir ce qu’il valait sur le plan professionnel, reconnaît Nouzaret, entraîneur des Verts entre 1998 et 2000. Il m’a paru attachant, sérieux et sympathique. Et il avait quand même préparé son plan, il avait ses idées.» «Rudi est un grand pro, il sait préparer au mieux pareille rencontre, analyse Michel Seydoux, qui n’a pas eu à lui faire passer ce genre d’oral au Losc en 2008, ses conseillers lui ayant prémâché le travail. Il a cette capacité à être bon aux moments déterminants. Enfin, pour les entretiens, hein. Pas pour les matchs de Ligue des champions ! »
« Rudi sait s’adapter aux besoins de son interlocuteur. » Bernard Gnecchi, ancien président du club de Dijon