20 Minutes (Bordeaux)

Rudi Garcia a toujours le mot de la fin

Le nouvel entraîneur de l’OL sait se montrer convaincan­t devant les dirigeants

- Jérémy Laugier et Jean Saint-Marc

La présentati­on officielle n’a pas suffi. Il fallait aussi faire le service après-vente. Le choix de mettre Rudi Garcia sur le banc de l’OL est surprenant. Alors, Jean-Michel Aulas, le président lyonnais, a tenté de convaincre une poignée de journalist­es, lors d’une conversati­on informelle, mardi : «Est-ce que vous avez essayé de savoir pourquoi Rudi [Garcia] avait déjà été choisi à la Roma, plutôt que Laurent Blanc ? » Car « Rudi can’t fail » (coucou les Clash) en entretien d’embauche, pardi. « C’était une surprise totale de le voir nommé, mais il avait séduit tout le monde dans ses réunions avec les dirigeants», se souvient Andrea Di Carlo, journalist­e pour Teleradios­tereo, la radio la plus écoutée à Rome. Les négociatio­ns n’avaient pas été faciles, pour autant. Du coup, il a fallu que Garcia sorte le grand jeu : statistiqu­es, tactique, analyse des saisons précédente­s. Trois ans plus tard, pour un poste à l’OM, Rudi Garcia a aussi su convaincre Frank McCourt, en sortant notamment sa carte maîtresse : l’ambition. «Rudi m’a tout de suite dit qu’il voulait gagner la Ligue des champions, a raconté McCourt. J’ai immédiatem­ent su que ce serait l’homme pour le poste.» A un niveau bien inférieur, l’ambition de Rudi Garcia avait déjà séduit Bernard Gnecchi, alors que son club de Dijon ferraillai­t en National. Le technicien avait observé des matchs bénévoleme­nt, fait un déplacemen­t à Pau pour voir jouer sa potentiell­e équipe… « Rudi est un séducteur, raconte Gnecchi. Il sait s’adapter aux besoins de son interlocut­eur, surfe sur le moment présent. Je suis sûr que, face à Aulas qui ne veut pas trahir Juninho [le directeur sportif], il s’est adapté à ce discours, tout en pensant que, petit à petit, il prendrait le dessus. Car il a aussi tendance à oublier le cahier des charges.» Exactement ce qu’il s’est passé à SaintEtien­ne en 1998 : Garcia espérait un poste d’adjoint, mais a découvert que la place était prise. Alors, il a tenté, au culot, de se vendre comme préparateu­r physique. Quand le coach en place Robert Nouzaret lui a demandé «s’il s’y connaissai­t un peu », Rudi Garcia a lâché avec aplomb «qu’il s’y connaissai­t en tout». «Je lui ai fait confiance sans savoir ce qu’il valait sur le plan profession­nel, reconnaît Nouzaret, entraîneur des Verts entre 1998 et 2000. Il m’a paru attachant, sérieux et sympathiqu­e. Et il avait quand même préparé son plan, il avait ses idées.» «Rudi est un grand pro, il sait préparer au mieux pareille rencontre, analyse Michel Seydoux, qui n’a pas eu à lui faire passer ce genre d’oral au Losc en 2008, ses conseiller­s lui ayant prémâché le travail. Il a cette capacité à être bon aux moments déterminan­ts. Enfin, pour les entretiens, hein. Pas pour les matchs de Ligue des champions ! »

« Rudi sait s’adapter aux besoins de son interlocut­eur. » Bernard Gnecchi, ancien président du club de Dijon

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Rudi Garcia (à g.) a été choisi par Jean-Michel Aulas pour entraîner l’OL.

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