20 Minutes (Bordeaux)

L’éolien a du souffle

Un peu à la traîne au niveau européen, la France a de quoi accélérer le développem­ent du secteur, notamment avec son parc maritime.

- Fabrice Pouliquen

Quel pays d’Europe installera le plus de nouvelles capacités éoliennes dans les cinq prochaines années ? L’Allemagne, encore et toujours, avec 14 gigawatts (GW) supplément­aires prévus, prédisait la semaine passée WindEurope, l’associatio­n qui fédère les acteurs de l’éolien de l’UE. La France ne serait toutefois pas en reste. Avec 9,3 GW supplément­aires prévus, elle serait le quatrième pays européen en termes de capacités éoliennes installées, avec 24,7 GW*. De quoi crisper la Fédération environnem­entale durable (FED), qui mène la fronde antiéolien­ne en France. Mais de quoi, aussi, conforter France énergie éolienne (FEE), fédération de 300 entreprise­s françaises de l’éolien, dont le 10e colloque s’est ouvert mercredi à Paris.

Mettre l’accent sur l’offshore

L’Hexagone compte aujourd’hui 7950 éoliennes réparties sur 1380 parcs, et la filière génère 18000 emplois directs et indirects, comptabili­se FEE. «Nous sommes le premier employeur des énergies renouvelab­le», assure Pauline Le Bertre, déléguée générale de l’associatio­n. Surtout, la croissance se poursuit : « Nous avons dépassé les 15 GW de puissances installées fin 2018, comme nous l’avait demandé la précédente programmat­ion pluriannue­lle de l’énergie [PPE]», se félicite Olivier Perot, président de FEE. Il n’empêche, la production d’électricit­é d’origine éolienne ne couvre aujourd’hui «que» 6% de la consommati­on électrique française, contre 20 % en Allemagne ou encore 18,8% en Espagne. La prochaine PPE, qui fixe les nouveaux horizons jusqu’à 2028, demandera plus à la filière. Celle-ci se dit confiante pour répondre présente. Grâce à l’offshore, notamment. La France, qui dispose du deuxième gisement d’Europe d’éolien en mer, n’a encore aucune éolienne en activité au large de ses 3500 km de côtes. Des appels d’offres ont été lancés dès 2011 et 2013 pour la création de six parcs au large de la Normandie et de la Bretagne, mais les projets ont été retardés notamment par des recours juridiques déposés par les antiéolien. Un premier parc offshore (à Saint-Nazaire) devrait toutefois être raccordé au réseau en 2022. Six autres suivront d’ici à 2026. Pour l’éolien terrestre, la partie semble plus serrée. Si elle veut être dans les clous de la nouvelle PPE, la filière devra tenir le rythme de 2 GW de nouvelles capacités installées à mettre en service chaque année d’ici à 2028. Pas impossible, dit la FEE, même si la marche sera trop haute pour 2019. «Nous tournerons comme en 2018 autour de 1,5 GW», précise Olivier Perot. Le «repowering», soit le remplaceme­nt de la première génération de turbines installées par des machines dernier cri, aidera pour partie à relever le défi. Mais il faudra aussi créer de nouveaux parcs éoliens. C’est d’ailleurs dans cet objectif que le secteur demande notamment «de raccourcir les délais d’instructio­ns, particuliè­rement longs en France», insiste Pauline Le Bertre, qui rappelle que «la FED parvient à attaquer en justice la quasi-totalité des projets éoliens».

* Derrière l’Espagne (29,4 GW), le RoyaumeUni (32,2 GW), et donc l’Allemagne, loin devant, avec 71,6 GW.

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Parc éolien du Roc de l’Ayre, à Fraisse-sur-Agout (Hérault).
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Il existe actuelleme­nt 7950 éoliennes en France, réparties sur 1380 parcs.

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