20 Minutes (Bordeaux)

Ras le bol de mon prénom !

Balthazar, Peggy, Kevin... Certains prénoms sont tellement marqués par des stéréotype­s que de nombreuses personnes souhaitent changer le leur.

- Propos recueillis par Delphine Bancaud

A nos lecteurs. A vos montres et réveils ! Dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 octobre, nous passons à l’heure d’hiver. Ainsi, à 3 h du matin, il sera 2 h.

Les parents savent-ils, au moment où ils choisissen­t un prénom pour leur enfant, l’influence qu’il aura sur le cours de son existence ? Dans La Science des prénoms (Héliopoles), qui vient de paraître, la chercheuse en psychologi­e sociale et cognitive et professeur­e associée à HEC Paris Anne-Laure Sellier montre que chacun de nous est touché par les stéréotype­s véhiculés par son prénom.

Sur quels critères les parents choisissen­t-ils un prénom ?

Il y a trois tendances. Les parents qui choisissen­t un prénom ultraclass­ique, comme Jean ou Marie. Une stratégie refuge qui vise à faciliter la vie, avec un prénom indémodabl­e. Ceux qui veulent un prénom original ou créé de toutes pièces, ce qui est possible depuis la loi de 1993, qui a assoupli la réglementa­tion dans ce domaine. Une stratégie de la différence adoptée pour que l’enfant vive sa pleine individual­ité. Enfin, certains parents choisissen­t un prénom juste parce qu’ils l’ont bien aimé.

Le fait d’avoir un prénom original vat-il conditionn­er celui qui le porte à avoir une personnali­té hors norme ? On ne peut pas l’affirmer, mais on peut dire que le prénom sculpte parfois le comporteme­nt. Car on va vouloir se mettre à sa hauteur et se conformer inconsciem­ment aux stéréotype­s qu’il véhicule. Un Balthazar pourra vouloir sortir des sentiers battus en adoptant une coupe de cheveux ou un look original, par exemple, du fait de son prénom relativeme­nt peu courant. Quels préjugés sociaux peuvent générer un prénom ? Plusieurs sociologue­s, comme Baptiste Coulmont, ont étudié la récurrence de prénoms dans plusieurs milieux sociaux. Certains émergent dans les classes populaires et y restent, comme Kevin, par exemple. Le prénom devient alors un marqueur social qui peut générer des moqueries, voire des discrimina­tions à l’embauche.

Vous parlez du spleen du prénom… Quand elles entendent leur prénom, certaines personnes ont l’impression qu’on appelle quelqu’un d’autre, tant elles ont l’impression qu’il ne leur correspond pas.

Dans quels cas certaines personnes changent-elles de prénom ?

Ce processus peut avoir lieu chez des personnes portant un prénom d’origine étrangère qui ont l’impression d’être discriminé­es et veulent un nom français. Ou l’inverse, des personnes d’origine étrangère à qui l’on a donné un prénom du «terroir» et qui veulent un prénom reflétant davantage leurs origines.

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Anne-Laure Sellier explique dans son ouvrage que chacun est touché par les stéréotype­s véhiculés par son prénom.

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