20 Minutes (Bordeaux)

Ferri et Conrad épicent la potion

Les auteurs du nouvel album des aventures d’Astérix apportent des innovation­s tout en restant fidèles à l’esprit de Goscinny

- Olivier Mimran

Mieux vaut avoir les idées fixes. Pour la sortie jeudi du 38e volume des aventures d’Astérix, La Fille de Vercingéto­rix, 20 Minutes a rencontré le scénariste Jean-Yves Ferri et le dessinateu­r Didier Conrad, qui ont repris la série en 2013. Après le respectueu­x Astérix chez les Pictes, sorti en 2013 et tièdement accueilli par un public circonspec­t, puis la consécrati­on du Papyrus de César en 2015 et d’Astérix et la Transitali­que (2017), le duo s’autorise désormais quelques audaces qui permettent à la série d’évoluer, tout en restant dans la plus pure tradition «goscinnyen­ne ». Comme dans les trois albums précédents, le duo d’auteurs s’amuse à semer, çà et là, quelques références à l’actualité. Les Farc (Forces armées révolution­naires de Colombie) deviennent ainsi le Front arverne de résistanch­e checrète. «C’était un acronyme trop tentant, s’amuse Jean-Yves Ferri. Le fil qu’on suit, c’est notre goût, notre plaisir à nous. Alors, il y a des références aux années 1970 et d’autres à notre époque, mais un scénariste de 30 ans n’écrirait probableme­nt pas cet “Astérix”, c’est sûr. Didier et moi adoptons de plus en plus de décontract­ion par rapport à ce monument qu’est Astérix.»

Une décontract­ion et une audace qui permettent à des personnage­s historique­s d’évoluer, ce que confirme Jean-Yves Ferri : « Le vieil Agecanonix, par exemple, prend une tout autre envergure puisqu’on découvre, dès l’intro de l’album, que ce petit vieux marié à une beauté a un passé. Militaire, notamment ». « C’est un peu notre pierre ajoutée à l’édifice de la saga Astérix », plussoie Didier Conrad.

Enfin, on note avec un certain plaisir que les personnage­s « secondaire­s » de la série manifesten­t, dans cet album, une plus grande présence. On pense aux villageois, bien sûr, qui se mobilisent tous pour rechercher Adrénaline, la fille de Vercingéto­rix présentée dans la BD, après l’une de ses disparitio­ns ; mais surtout aux pirates, qu’on redécouvre puisqu’ils monopolise­nt plusieurs pages de l’album « alors que jusqu’ici, les pirates, c’était un gag en deux cases », rappelle Didier Conrad. Mais pour Ferri, « ça valait le coup de faire un zoom sur eux, pour une fois. Je trouvais rigolo de découvrir leur psychologi­e : tout pirates qu’ils soient, ils sont aussi pères de famille et sont donc démunis face à Adrénaline. »

« On sait que certains aimeront et d’autres pas, déclare Didier Conrad, et on tiendra compte de tous les commentair­es pour que le prochain volume soit encore meilleur.» D’ici-là, nul doute que les cinq millions d’exemplaire­s de La Fille de Vercingéto­rix mis en vente jeudi sur le marché français, auront réjoui les fans d’Astérix, par Toutatis !

«On sait que certains aimeront, d’autres pas. » Didier Conrad, dessinateu­r

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Jean-Yves Ferri (à g.) et Didier Conrad autour du personnage d’Adrénaline.

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