20 Minutes (Bordeaux)

«Devant nous, une muraille d’eau»

A bord d’un bateau puissant, Thomas Ruyant a dû bien se préparer physiqueme­nt pour disputer la Transat Jacques Vabre

- A Lorient, David Phelippeau

La croisière ne s’amusera pas. Dimanche, au Havre, Thomas Ruyant prendra le départ avec Antoine Koch à bord de Advens for Cybersecur­ity de la Transat Jacques Vabre. Pour la première fois, le Nordiste, dont 20 Minutes est partenaire*, sera à la barre d’un bateau, qu’il a construit de A à Z, agrémenté de foils, ces appendices qui donnent un pouvoir d’accélérati­on unique : 33 noeuds (61 km/h). « On augmente de 10% la vitesse des bateaux, avoue Thomas Ruyant, qui reconnaît devoir porter désormais un casque de protection sur son bolide. Lors des premières sorties, on était hyper crispés avec Antoine, très tendus, les mâchoires serrées. Toujours sur le qui-vive.» Cette hausse de la vitesse a obligé le navigateur à équiper son multicoque de nombreuses alarmes. « On en a besoin pour assumer ces nouveaux rythmes, reconnaît-il. Aujourd’hui, on ne peut quasiment plus mettre le nez dehors. On est souvent à l’abri. On voit davantage notre sillage. Devant nous, c’est une muraille d’eau. »

Au point de considérer que la voile ne se pratique plus de la même manière ? «C’est toujours le même sport, mais ce ne sont plus des tours du monde à la Tabarly, tempère Ruyant. C’est un autre degré d’engagement. L’enjeu est de réussir à utiliser nos bateaux à 100% pendant quatre-vingts jours…» Une vraie prouesse physique au regard du matériel qu’il faut déplacer sur le bateau. «On a une préparatio­n physique particuliè­re, car il faut que le corps puisse encaisser des charges lourdes quand on manoeuvre », détaille le skippeur. Ainsi, 800 kg de matériel doivent être trimbalés tout au long de l’épreuve sur le pont du bateau. Pour se préparer, Ruyant et Koch se sont offert un coach, à raison de trois ou quatre séances par semaine. Des entraîneme­nts à base de gainage, de musculatio­n et de course à pied. Mais rien ne remplace les sorties en mer, à entendre le natif de Dunkerque. Alors, arrive-t-on encore à prendre du plaisir à naviguer sur ces machines? « Oui, car on se dit qu’on est à la barre de l’un des bateaux les plus rapides au monde, qu’on arrive à le mener, qu’on arrive à être performant, rétorque Thomas. Le plaisir n’est pas présent tout le temps, mais on vit aussi des moments de grâce.» Des aventures humaines grisantes et éprouvante­s que l’environnem­ent familial doit admettre. «Il faut qu’il y ait une acceptatio­n familiale, ce sont des aventures engageante­s, confesse ce père d’un garçon de 7 ans et d’une fille de 2 ans. Tout le monde doit être raccord.»

« Il faut que le corps puisse encaisser des charges lourdes quand on manoeuvre.» Thomas Ruyant, skippeur

*20 Minutes consacrera des articles à la course de Ruyant entre Le Havre et le Brésil.

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Thomas Ruyant et Antoine Koch sur leur bateau Advens for Cybersecur­ity.

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