Dans son village corse, le D Cahuzac purge sa peine
Redevenu médecin, l’ex-ministre Jérôme Cahuzac purge sa peine en Corse
«Il est dans un petit village tranquille, il va purger sa peine dans une villa en bord de mer. C’est les vacances, quoi!» persifle Mélanie. Pour cette jeune habitante de Pianottoli-Caldarello, station balnéaire de 900 âmes située au nordouest de Bonifacio (Corse-du-Sud), l’installation de Jérôme Cahuzac dans la maison de famille de ce dernier est vécue comme un affront : «Quand on sait ce qu’il a fait… Vivre ici, c’est pas une peine!» Antoine, qui tient commerce dans le centre du village, nuance : «Il y a beaucoup de gens qui, par rapport à ce qu’il a fait, sont choqués. Moi, ça ne me fait ni chaud ni froid, je suis pour la rédemption.» En mai 2018, Jérôme Cahuzac a été condamné en appel à quatre ans de prison, dont deux ans avec sursis, ainsi qu’à cinq ans d’inéligibilité et à 300000 € d’amende pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale. Après moult rebondissements judiciaires, l’ex-ministre délégué au Budget a vu sa demande d’aménagement de peine acceptée. Placé sous bracelet électronique, il a décidé de s’installer sur l’île de Beauté pour y purger sa peine. L’ancien homme politique se fait plutôt discret.
Il peut compter sur le soutien du maire de la commune : «Quand un homme a payé devant la justice, on considère que l’opprobre du citoyen n’a pas à être ajouté. C’est ça, l’esprit corse», lance Jérôme Polverini (LR), pas peu fier d’extirper de son tiroir une carte de voeux où l’on peut lire : « Avec mon cordial et respectueux souvenir. » Datée de janvier 2013 et signée de Jérôme Cahuzac. La rédemption dont parlait Antoine, l’ex-ministre la trouvera-t-il, si tant est qu’il la recherche, au CHU de Bonifacio? Depuis une semaine, l’ancien chirurgien esthétique y exerce en tant que médecin généraliste contractuel. Devant le modeste bâtiment à la façade grisâtre, Alexandra, la fille d’un patient, tranche : «Tant qu’il fait son job, qu’il sauve des gens et qu’il a les compétences…» Il faut dire que l’arrivée du Dr Cahuzac est une aubaine pour la région, qualifiée de désert médical.
«Cela reste un hôpital local, dans une région rurale, qui fait beaucoup de bobologie et de gériatrie, avec au maximum 15000 personnes qui vivent ici au 15 août », explique Jean-Charles Orsucci, le maire (LREM) de Bonifacio. Et de rappeler que le troisième poste de médecin obtenu de haute lutte n’a toujours pas été pourvu et que l’un des deux médecins en poste s’apprête à partir. Autant dire que les élus corses ont ouvert grand leurs bras à l’aguerri Dr Cahuzac. Trop aguerri, d’ailleurs? «C’est comme si j’avais recruté un joueur de Ligue 1 en promotion d’honneur, confie Jean-Charles Orsucci. C’est une super nouvelle pour Bonifacio, mais va-t-il s’épanouir dans un hôpital de cette dimension ? »
«Quand on sait ce qu’il a fait, vivre ici, ce n’est pas une peine. » Mélanie, habitante de Pianottoli-Caldarello