20 Minutes (Bordeaux)

Une peur toujours aussi envahissan­te

Deux shows inspirés de «La Guerre des mondes » arrivent sur le petit écran

- Anne Demoulin et Laure Beaudonnet

«Le livre de H.G. Wells est brillant parce qu’il pose de grandes questions.»

Gabriel Byrne, acteur

Cet automne, le petit écran est obsédé par les invasions extraterre­stres avec deux séries adaptées de La Guerre des mondes, le roman de H.G. Wells. La première, créée par Howard Overman («Misfits») et avec Gabriel Byrne et Elizabeth McGovern, arrive ce lundi à 21 h sur Canal+. La seconde, créée par Peter Harness («McMafia»), est une minisérie en trois épisodes proposée par la BBC (qui n’a pas encore de date de diffusion). Mais pourquoi reprendre aujourd’hui un classique de la littératur­e de la fin du XIXe siècle ? « Le livre de H.G. Wells est brillant parce qu’il pose de grandes questions : qu’est-ce que cela signifie d’être vivant? Quel est cet élan vital qui nous pousse à affronter une situation désespérée?» estime Gabriel Byrne. La Guerre des mondes explore la peur d’être anéanti par quelque chose qui vient d’ailleurs et contre lequel on ne peut rien. L’invasion est une question intemporel­le. Et l’interpréta­tion de Canal+ semble plus actuelle que jamais. « Je voulais faire une adaptation moderne du roman, pas une adaptation littérale de ce classique », confirme Howard Overman, dont l’oeuvre pose une question centrale : « Comment des gars comme nous, pas entraînés, réagiraien­t si le monde était envahi par des extraterre­stres ? » La série en profite pour explorer des problémati­ques contempora­ines.

«En écrivant ce livre, H.G. Wells pensait au colonialis­me de son époque, qui ravageait l’Afrique, explique l’écrivain de science-fiction Jean-Pierre Andrevon (Sukran, éd. Gallimard). Ça peut être la peur de l’immigratio­n, les changement­s climatique­s, il y a toujours cette peur liée à la fin du monde.» A une époque où les bouleverse­ments environnem­entaux mettent en péril la planète, il n’est pas difficile d’apporter un regard neuf à cette angoisse. «La catastroph­e qui nous menace actuelleme­nt implique tous les aspects de notre vie : notre façon de communique­r, de nous informer et de gérer l’intelligen­ce artificiel­le», commente Gabriel Byrne.

Angoisses contempora­ines

« Que se passerait-il si nous étions face à un ennemi commun qui nous mettrait tous sur le même plan : les réfugiés, les classes aisées…?» s’interroge la comédienne Elizabeth McGovern. « La question de la différence dans un monde post-Brexit est très pertinente, abonde Howard Overman. La série va faire apparaître l’idée que nous ne sommes pas si différents des aliens. » De son côté, la série de la BBC, qui se déroule en 1900, dans l’Angleterre édouardien­ne, semble plus fidèle à l’oeuvre originale, mais elle n’aura pas de mal à faire écho à des peurs encore bien présentes.

 ??  ?? Gabriel Byrne et Elizabeth McGovern dans la série de Canal+, ce lundi à 21 h.
Gabriel Byrne et Elizabeth McGovern dans la série de Canal+, ce lundi à 21 h.

Newspapers in French

Newspapers from France