La vape pour arrêter de fumer, c’est bien, gérer sa consommation de nicotine, c’est mieux
La cigarette électronique peut devenir à son tour une addiction
Du souffle en plus, de l’argent qui part en fumée en moins. En France, le nombre de consommateurs quotidiens de tabac a baissé de 1,6 million entre 2016 et 2018. Grâce, notamment, au vapotage, comme le confirment des lecteurs de 20 Minutes à l’occasion du quatrième Mois sans tabac (lire cicontre). Ce fut le cas pour Nadia, accro à la cigarette pendant trente ans : «La cigarette électronique a été mon miracle : j’ai réduit petit à petit le taux de nicotine de mes liquides. Et, un jour, j’ai oublié de vapoter.»
Pour Jean-Michel Delile, psychiatre addictologue et président de Fédération Addiction, les raisons de ce succès sont simples. «Ici, l’initiative vient des patients. Or, en addictologie, ce qui marche le mieux, c’est ce qu’ils choisissent euxmêmes. Grâce à la cigarette électronique, on obtient des sevrages en douceur », a-t-il déclaré à l’occasion d’une table ronde organisée récemment par le Centre de recherche et d’innovation pour la vape (Crivape). Le problème, c’est que le vapotage peut, à son tour, devenir une addiction.
Se faire accompagner
«J’ai arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique il y a six ans et, depuis, je n’ai pas cessé de vapoter, confesse Lydie. C’est si simple : à l’hôtel, au bar, au bureau, à la maison, on peut vapoter partout, tout le temps!» Marion Adler, tabacologue de l’AP-HP, se montre rassurante : «La durée de vapotage n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est l’arrêt définitif du tabac. Si on substitue le tabac par un produit nicotinique comme la vape, c’est déjà bien.» Pour Dan Velea, psychiatre addictologue, «nombre de fumeurs qui passent à la vape ne savent pas gérer leur consommation, ils vapotent de grosses quantités de nicotine. D’où l’importance de consulter un médecin, qui évalue la dépendance au tabac et choisit parmi les substituts nicotiniques celui qui sera adapté.» Pour traiter ces profils où la dépendance est forte, « nous avons recours aux mêmes substituts que ceux prescrits pour l’arrêt du tabac : patchs, gommes ou Champix», précise le Dr Dan Velea. Car le risque est de rechuter dans le tabac ou d’entretenir une consommation mixte entre vape et cigarette classique.