20 Minutes (Bordeaux)

Dix fois la même bouteille

L’entreprise Luz veut organiser une consigne pour les bouteilles de vin de Bordeaux

- Elsa Provenzano

Collecter et consigner les bouteilles en verre de type bordelais en Gironde pour les nettoyer et les revendre aux profession­nels de la filière à un prix attractif : c’est le projet d’Annie Le Deunff, qui a fondé Luz Environnem­ent.

La collecte s’organisera­it auprès des collectivi­tés, de la grande distributi­on, des bars et restaurant­s à partir, elle l’espère, de l’été 2020. Annie Le Deunff veut laver et conditionn­er 550 000 bouteilles dans une usine d’au moins 1 500 m2 qui serait située en Gironde. Une levée de fonds est prévue, pour un investisse­ment évalué à un million d’euros. « Il faut développer une consigne de qualité et intelligen­te, souligne Annie Le Deunff. En France, on ne dispose que d’usines de lavage artisanale­s. Les producteur­s sont favorables au réemploi mais ils veulent aussi une sécurité sanitaire, pas question de laisser passer un moucheron ou une entaille dans le verre. » Les lavages usent le verre

A la différence du verre recyclé utilisant de l’eau et du sable, qui doit être extrait, transporté et nettoyé, la consigne épargne une dépense d’énergie. Les bouteilles seront nettoyées et reconditio­nnées. Puis revendues aux viticulteu­rs à un prix légèrement inférieur à leur prix initial. La fondatrice de Luz estime qu’une bouteille pourrait être nettoyée entre sept et dix fois car « elle doit rester un produit marketing » et les lavages répétés entraînent une usure du verre. «Quand on sait que les vignerons réalisent environ un embouteill­age par an, cela fait une durée de vie entre sept à dix ans, ce n’est pas mal », souligne-t-elle.

« Dix lavages c’est déjà beaucoup, abonde Christophe Chateau, du conseil interprofe­ssionnel des vins de Bordeaux. L’interprofe­ssion est favorable à ce type d’initiative, c’est la marche de l’histoire. » Il émet une réserve sur la faisabilit­é technique de la consigne puisqu’il existe différents types de bouteilles de bordeaux. Luz assure avoir prévu de récupérer toutes les bouteilles de type bordelais pour les trier ensuite par lots identiques. Annie Le Deunff travaille depuis deux ans sur ce projet, avec l’aide de spécialist­es (en qualité, en énergie etc.) et de viticulteu­rs. La consigne a un fort potentiel : 700 millions de flacons sont embouteill­és par an dans le Bordelais (dont 57 % sont exportées).

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La consigne économise de l’énergie.

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