Un réseau social tente de vaincre l’isolement du handicap
Trois Girondins ont créé Mobalink, un réseau social destiné à venir en aide aux personnes en situation de handicap
« Quelles sont les aides possibles pour acheter un nouveau fauteuil?», «Je suis épileptique, je cherche un centre d’accueil, pouvez-vous m’aider» : ce sont les deux dernières questions reçues mardi matin par Marina Désiré. Ce genre de messages, la jeune cheffe d’entreprise bordelaise en voit passer des dizaines voire des centaines sur sa plateforme Mobalink. Et pour cause, elle a créé le premier réseau social en France dédié aux personnes en situation de handicap avec ses deux associés, Jonathan Dupire et Jessica Amrane. Lancé il y a un an, il compte aujourd’hui déjà plus de 3 000 utilisateurs. « Même si on parle de plus en plus du handicap, on a tendance à croire que cela ne représente pas beaucoup de gens, alors qu’en réalité, 12 millions de personnes sont touchées par un handicap. Presque un français sur deux peut y être régulièrement confronté dans son entourage», rappelle Marina Désiré. Si les deux autres cofondateurs développent dans un premier temps un guide touristique, elle voit « plus grand et plus numérique» le jour de leur rencontre. L’objectif de départ est simple, c’est «de rompre avec ce sentiment très fort d’isolement» chez les personnes en situation de handicap et de développer l’entraide.
Lancement d’un GPS
Emploi, loisir, équipement, administratif, restauration… Les utilisateurs à l’image d’Emmanuel, malvoyant, peuvent parler de tout : «J’ai découvert ça par un ami et c’est vraiment top. Je l’utilise presque quotidiennement et puis, ça fait beaucoup de bien de parler, d’échanger avec d’autres personnes et aussi avec les professionnels.»
Mobalib (le nom de la société) vient en effet de nouer un partenariat avec le département de la Gironde. L’expérience va durer 18 ans. Sébastien Saint-Pasteur, conseiller départemental (PS) et président de la commission handicap et inclusion souhaite accompagner cette plateforme «pionnière» depuis peu disponible sur Android via une application. Et surtout, il «veut mettre fin à cette méconnaissance des outils qui parfois vont jusqu’au drame pour certaines personnes alors qu’il existe des solutions et des droits malheureusement souvent méconnus des personnes handicapées.» Pour les autorités, ce sera aussi un moyen d’avoir des retours sur ce qui fonctionne ou pas sur le terrain.
La petite entreprise girondine (une dizaine de salariés), installée à Bègles, voit maintenant plus loin. Si aujourd’hui Mobalink est avant tout un «grand forum nourri au quotidien par les utilisateurs», les trois cofondateurs vont développer un «espace de discussion avec notamment un mur où l’on peut s’exprimer à l’image de Facebook» dans les prochains mois. Tout en restant «gratuit et facile d’accès», insiste Marina Désiré. Ils vont également lancer un second outil, d’ici le mois de mars. Il s’appelle Mobago et il s’agit d’un GPS qui permettra de signaler des obstacles de manière très précise sur un itinéraire. Le progrès ne s’arrête pas…