Les indices qui relient Michel Fourniret à l’affaire Mouzin
Lâché par son exfemme au sujet de la disparition de la fillette, le tueur en série doit être entendu ce mercredi
Certains jours, il est persuadé que c’est lui. Mais, à d’autres moments, il doute encore. Seize ans que cet enquêteur haut placé change régulièrement «de conviction» sur la responsabilité de Michel Fourniret dans la disparition d’Estelle Mouzin. Il pourrait enfin être fixé ce mercredi. «L’Ogre des Ardennes» est en effet convoqué à 9 h pour être entendu par la juge Sabine Khéris sur l’enlèvement de la petite fille, survenu le 9 janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne). Condamné plusieurs fois à la réclusion criminelle à perpétuité, le tueur en série a déjà avoué 11 meurtres. Mais il a aussi toujours nié être lié à la disparition de la fillette. «C’est peut-être une stratégie de sa part, confie l’enquêteur. Il n’avoue jamais, sauf quand il ne peut pas faire autrement.» Et, cette fois-ci, il va lui être difficile de «faire autrement». Jeudi, devant la juge Khéris, Monique Olivier, son ex-femme, est venue anéantir l’alibi dont il disposait dans cette affaire. Michel Fourniret avait toujours indiqué qu’il ne pouvait pas se trouver en région parisienne ce soir de janvier 2003 car, à la même heure, il avait passé un coup de téléphone depuis son domicile belge de Sart-Custinne afin de souhaiter un joyeux anniversaire à son fils. Ce dernier n’avait pas répondu, mais les relevés attestaient d’une tentative de contact. Or, Monique Olivier a révélé que c’était elle qui avait passé le coup de fil. A la demande de Michel Fourniret, qui était en réalité parti en vadrouille… Un élément supplémentaire qui vient alourdir un peu plus la barque du tueur en série.
Tout ne colle pas
Dedans, il y a d’abord le portrait-robot lui ressemblant qui a été établi à partir des déclarations d’une camarade de l’école d’Estelle Mouzin, importunée trois semaines avant les faits. Et aussi la description d’une camionnette blanche, similaire à celle de Michel Fourniret, qui traînait en Seineet-Marne à l’époque. Surtout, il y a la lettre envoyée en 2007 à la cour d’appel de Reims où Michel Fourniret lui-même demande que soient joints à son procès à venir en 2008 les dossiers Parrish,
Domèce et… Mouzin, car il a «des explications» à fournir aux familles. Des «explications », la juge Khéris pourra également lui en demander au sujet de la photo d’Estelle Mouzin découverte sur le disque dur de son ordinateur. Mais il y a aussi des éléments qui interrogent. Le fait que Guermantes ne se trouve pas exactement dans le secteur que «l’Ogre» avait l’habitude de fréquenter; le fait que la fillette de 9 ans soit plus jeune que ses victimes habituelles. Atteint d’une forme de dégénérescence, Michel Fourniret a déjà livré des déclarations troublantes à la juge Khéris. Selon nos informations, le 14 mars, il a expliqué que, s’il n’avait plus de «souvenirs précis» à ce sujet, c’était sans doute parce qu’il avait «le cul merdeux». Et d’avouer qu’il y avait là «un sujet à creuser». C’est l’objet de la convocation de ce mercredi.