Un projet de pôle commercial bloqué par un squat de Roms
Propriétaire du site depuis 2014, la société Ter Arcins en appelle à l’Etat
Carcasses de voitures et détritus en tous genres jonchent le sol. Dans des retenues d’eau, provoquées par l’engorgement des canalisations, baigne le site de l’ancienne usine d’abat-jour Corep, rue Denis-Papin, à Bègles. Au milieu de déchets et de l’odeur pestilentielle, des enfants à vélo ou portant des bidons d’eau déambulent. Au total, environ 230 personnes, essentiellement des familles roms d’origine bulgare, vivent dans une grande insalubrité sur ce site aux allures de bidonville, dans la zone commerciale des Rives d’Arcins près de Bordeaux.
Le problème du relogement
La société Ter Arcins, propriétaire du site depuis 2014, y porte un projet de pôle commercial de 28 000 m2 dont les travaux n’ont jamais pu commencer, puisqu’il est squatté depuis 2016. Mais mardi, son gérant, Gérardo Pariente, dit vouloir alerter l’Etat au-delà des conséquences financières car la responsabilité de sa société est engagée en tant que propriétaire des lieux : « On est spoliés, mais ce qui est vraiment problématique, ce sont les dangers sanitaires sur le site : amiante, risque incendie, etc. » Depuis 2016, les avocats de la société Ter Arcins ont multiplié les demandes d’expulsion du site, sans que la préfecture ne mobilise la force publique. Une évacuation était programmée cet été, mais elle a été ajournée au vu des déclarations défavorables du maire de Bègles au sujet des expulsions.
« La ville de Bègles a multiplié les efforts et les démarches auprès de ses partenaires associatifs, services de l’Etat et collectivités locales afin d’activer le plus de solutions d’hébergement ou de relogement possibles. L’enjeu est celui de la dignité des personnes, de la protection des mineurs et des familles», souligne Clément Rossignol Puech, maire de Bègles, dans un communiqué. L’élu insiste sur l’importance de trouver des solutions de relogement avant l’évacuation du site qui abrite environ 80 mineurs.
Pour le propriétaire du terrain, la situation semble complètement bloquée : «On doit attendre que l’Etat agisse», résume Me Arnaud Chevrier, avocat de l’entreprise.