20 Minutes (Bordeaux)

L’accusé du meurtre d’Elodie Kulik plaide son innocence

L’accusé du meurtre sordide de la jeune banquière en 2002 a maintenu être innocent

- De notre envoyé spécial à Amiens (Somme), Vincent Vantighem

Difficile de croire que, vendredi soir, il pourrait être condamné à la réclusion à perpétuité. Tranquille, Willy Bardon s’est même permis, mercredi, de faire de l’humour à la barre de la cour d’assises de la Somme qui le juge, depuis le 21 novembre, pour le viol en réunion et le meurtre sordide d’Elodie Kulik, en 2002. Interrogé sur un fantasme réclamé à sa maîtresse en guise de « cadeau de Noël », il s’exclame alors : « Ah, mais je ne l’ai jamais obtenu. Mais vous savez, j’ai pas eu ma Ferrari non plus ! »

«Ce n’est pas moi !»

L’ancien ouvrier tuyauteur de 45 ans est comme ça. «Gueulard», «grande gamelle», selon ses proches. «Sans filtre», selon la psychiatre qui l’a examiné. Mais, surtout, terribleme­nt serein. Mercredi, la cour n’a pas passé plus de deux heures à l’interroger sur les faits. «Ce n’est pas moi!», a martelé Willy Bardon. Pas lui qui a violé et étranglé Elodie Kulik. Pas lui qui a incendié son cadavre sur un terrain vague afin d’effacer les traces. Pas lui non plus qu’on entend sur l’enregistre­ment de l’appel passé aux pompiers par la victime quelques minutes avant sa mort. Pourtant, en garde à vue, en 2013, il s’était reconnu sur la bande. «Les gendarmes m’avaient tellement mis la pression que j’étais prêt à signer n’importe quoi», s’est-il défendu. L’occasion, comme tous les jours, pour la présidente de la cour de rediffuser l’appel de vingt-six secondes et de faire résonner les cris de la victime dans le prétoire. Mais cela ne change rien. Il y a désormais autant de personnes qui reconnaiss­ent la voix de l’accusé sur cette bande que de témoins qui prétendent le contraire. Six dans chaque camp. Et un beau noeud au cerveau pour AnneLaure Sandretto, l’avocate générale, qui va devoir requérir.

Pour se faciliter la tâche, elle a tenté une autre approche, mercredi, en demandant la diffusion de plusieurs écoutes téléphoniq­ues de Willy Bardon avant qu’il ne soit placé en garde à vue. On l’entend discuter avec son copain Laurent B., qui, lui, a déjà été auditionné : « Tu sais quand est-ce qu’ils me convoquent?» Puis appeler les gendarmes pour proposer son ADN afin d’être innocenté. «Vous savez, j’en ai un peu marre des ragots sur moi. Je vous laisse mon portable et mon adresse. » Et, surtout, discuter avec sa compagne : «Quoi? Y croivent que j’étais là-bas, ces abrutis? Vivement qui m’convoquent!» L’avocate générale veut y voir le signe qu’il s’inquiétait de la situation et voulait s’assurer qu’il n’y avait pas de preuves à son encontre. Mais il faut quand même être un coupable tordu pour proposer soi-même son ADN aux enquêteurs. Quelques heures plus tôt, à la même barre, le père d’Elodie Kulik, cintré dans sa « rage », rappelait qu’il avait prévu «de traquer [s]es criminels» jusqu’à sa mort. Qu’il ne serait «libéré» que quand Willy Bardon « croupirait en prison ». Mercredi, celui-ci a promis de lui proposer son aide pour résoudre l’affaire s’il n’était pas condamné. Le verdict est attendu vendredi.

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Willy Bardon s’est permis, mercredi, de proposer son aide au père de la victime pour retrouver son meurtrier.

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