Une rivalité moins enflammée
Si les supporteurs bordelais y sont toujours très attachés, ce n’est plus forcément le cas du côté marseillais
Antoine ne manquerait pour rien au monde une opposition entre Bordeaux et Marseille. Alors, cet inconditionnel supporteur des Girondins qui travaille régulièrement le week-end, a pris une décision radicale cette saison : poser son dimanche. « Je vis trop mal ces deux matchs au bureau. L’année où Sanson marque dans les arrêts de jeu (1-1 au Matmut Atlantique, 2017), j’ai frappé tellement fort sur mon bureau que j’ai cru que je m’étais cassé la main.»
L’OM et les Girondins vivent une rivalité qui a connu son apogée dans les années 80 et 90 avec Bernard Tapie et Claude Bez. Les « Jean-Michel Aulas » du XXe siècle prêts à mettre le feu aux poudres à tout instant alors que les deux clubs étaient régulièrement au sommet du football français avant l’an 2000. Mais aujourd’hui, cette rivalité semble moins prononcée. En tout cas d’un côté. «Objectivement, ce n’est pas une affiche plus excitante que les autres», avoue un membre du Virage Sud du Vélodrome. Pour les Marseillais, il y a Paris bien sûr, mais aussi Lyon maintenant. Alors que du côté de Bordeaux et Thibaud, c’est toujours la même chose : « Cette rivalité tient probablement plus du côté des Girondins, car elle renvoie à une période dorée de l’histoire du club et surtout à cette incroyable série de quarante-et-un ans d’invincibilité à domicile.»
D’ailleurs, c’est tous les ans à l’occasion du déplacement des Phocéens à Bordeaux et non des Girondins à Marseille que ça s’anime. L’année dernière, le match au Vélodrome s’était même joué à huis clos dans la plus grande indifférence. S’il « existe encore une forme de rivalité historique » pour les autorités, le match de dimanche (21 h) les préoccupe beaucoup moins que par le passé. Selon nos informations, le déplacement des 200 supporters bordelais sera «encadré» et un «arrêté de périmètre» a été pris par la préfecture de police de Marseille. Mais pas d’interdiction.
Une chose pourrait redonner à cette rivalité d’antan toute sa dimension et réveiller les Marseillais : les résultats sportifs. Dimanche (21 h), ce sera un vrai choc entre le deuxième et le troisième du classement. Un enjeu sportif qui ravit particulièrement les supporteurs girondins, comme Alexandre : « Ce classique a enfin un peu plus de saveur cette saison car les deux équipes se suivent, même si on est qu’à la 16e journée. En revanche, si c’est toujours le cas au retour, la pression sera énorme ! » Sauf que les joies du calendrier font que les deux équipes se retrouveront dès le premier weekend de février au Matmut Atlantique et qu’il restera encore beaucoup de matchs. Mais à Bordeaux, l’OM reste l’OM. Et puis, même les Marseillais recommencent à se chauffer : « Ce n’est pas joli, mais il y a toujours un très fort plaisir à battre les (bip) bordelaises. »