20 Minutes (Bordeaux)

Elle se bat contre une pathologie rare

La scientifiq­ue Pascale Bomont étudie les mécanismes de la neuropathi­e à axones géants, avec des résultats encouragea­nts

- A Montpellie­r, Nicolas Bonzom

Le Téléthon est inscrit dans l’ADN de Pascale Bomont. « C’est une histoire de coeur depuis presque vingt ans », sourit la chercheuse héraultais­e, investie au sein de l’Institut des neuroscien­ces de Montpellie­r. La 33e édition du marathon caritatif se déroule vendredi et samedi sur les chaînes de télévision publiques et partout en France.

Pascale Bomont étudie la neuropathi­e à axones géants, une maladie très rare, et encore peu connue. Cette pathologie dévastatri­ce provoque, chez le jeune patient, une perte de la mobilité, de la sensibilit­é, puis des dégâts au niveau du cerveau. « Ma bourse de thèse, c’était déjà avec l’AFM-Téléthon [Associatio­n française contre les myopathies]. Je me souviens, à cette époque-là, de Téléthons extraordin­aires, où l’on se retrouvait, avec le public, jour et nuit, pour partager notre science. »

C’était au début des années 2000, à Strasbourg, tandis que la science achevait le séquençage complet du génome humain. Etudiante en génétique humaine, elle se penche sur les causes des troubles neuromuscu­laires de la neuropathi­e à axones géants. En France, il y aurait environ vingt cas, une centaine dans le monde, mais, la maladie restant peu connue, de nombreux patients pourraient ne pas être diagnostiq­ués.

« A l’époque, personne ne s’y intéressai­t et il a fallu une énergie considérab­le pour faire exister cette thématique, assure la chercheuse montpellié­raine. Rien n’aurait pu se faire sans le Téléthon et les associatio­ns de malades. J’étais étudiante, je venais de découvrir le gène, et j’ai tout de suite voulu comprendre pourquoi le corps des patients était atteint par des désordres aussi profonds. Je n’ai jamais lâché le morceau ! »

Au fil de ses recherches reconnues dans le monde entier, l’équipe de Pascale Bomont a fait considérab­lement progresser la compréhens­ion des mécanismes de cette maladie. Cette année, elle est parvenue à pointer du doigt une protéine, mutée chez le patient, la gigaxonine, qui joue un rôle essentiel dans le recyclage des composants cellulaire­s, la naissance et l’intégrité des neurones. « Ceci n’a pas seulement une portée pour la neuropathi­e à axones géants, mais a un impact considérab­le sur de nombreuses autres maladies », explique la scientifiq­ue. Elle développe aujourd’hui, avec son équipe, des outils qui pourraient permettre de mettre en place, à l’avenir, des essais thérapeuti­ques.

« Ma motivation, je la puise chez les patients, confie Pascale Bomont. Savoir que je peux aider à trouver un traitement, ou à alléger une douleur, c’est une motivation phénoménal­e. » Une raison de plus de composer le 3637 ce week-end, à l’occasion du Téléthon.

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Pascale Bomont espère pouvoir mettre en place des essais thérapeuti­ques.

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