La réforme prend un avertissement
Les professeurs, qui craignent une forte baisse de leurs pensions, ont fait massivement grève jeudi pour s’opposer au projet du gouvernement.
Ils sont inquiets pour leurs vieux jours. Les enseignants étaient nombreux à faire grève jeudi, pour protester contre la réforme des retraites. Dans le premier degré, le taux de grévistes était de 51 % et dans le second, de 42 %, selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Education. Sans surprise, les syndicats du primaire et du secondaire font état d’une mobilisation encore plus forte, de 70 % à 75 %. Les enseignants pourraient être les grands perdants de la réforme, s’il n’y a pas d’action corrective du gouvernement à leur égard. Les syndicats redoutent qu’ils soient pénalisés par la refonte du système, qui prévoit une retraite calculée sur l’ensemble de la carrière et non plus sur les six derniers mois d’activité.
« Des questions en suspens »
Jean-Michel Blanquer a tenté de les rassurer par écrit. En compensation du nouveau mode de calcul, les retraites intégreraient les primes et indemnités. Problème, les enseignants en perçoivent peu.
Du côté des syndicats, certains doutent de l’engagement du ministre. Le SnesFSU a mis en place un simulateur des futures retraites, agitant la menace de pertes pouvant aller de 300 à 900 € par mois sur les pensions. Ce qui a fait bondir le ministre de l’Education: « Quand je vois les simulateurs qui circulent pour faire croire qu’il y aura une baisse, ce n’est pas sérieux car, en réalité, nous garantissons qu’il n’y en aura pas », a-t-il déclaré mardi. « Nous ne disposons d’aucun élément pour faire confiance. Trop de questions sont en suspens sur le montant ou le calendrier de la revalorisation salariale. Nous ne voulons pas que le gouvernement agisse uniquement sur les primes, mais aussi sur les niveaux de rémunération », souligne Frédéric Marchand, secrétaire général de l’Unsa éducation. Autre crainte : que la réflexion sur le métier, prévue avec la revalorisation salariale, s’accompagne d’une détérioration des conditions de travail. En attendant, les concertations se poursuivent. Le gouvernement fera des annonces mi-décembre. « En janvier, le ministère et les organisations syndicales travailleront à des scénarios de revalorisation salariale », explique-t-on rue de Grenelle. Reste à savoir si les professeurs maintiendront la pression d’ici là. Des assemblées générales étaient prévues jeudi soir pour décider de la suite. Le Snes-FSU a d’ores et déjà appelé à une mobilisation le 10 décembre.