20 Minutes (Bordeaux)

La fin des salaires plafonnés au coeur de la mêlée

Attaqué devant le Conseil d’Etat par Montpellie­r, le principe du plafonneme­nt salarial reste discuté

- Julien Laloye

C’est une décision attendue, même si l’issue ne fait guère de doute. Le Conseil d’Etat doit se prononcer, a priori en début de semaine, sur la question prioritair­e de constituti­onnalité soumise fin novembre par le club de Montpellie­r. L’objet de cette QPC? Déboulonne­r le principe de plafonneme­nt salarial institué par la Ligue nationale de rugby (LNR) en 2010. Selon le MHR, il entrave «la liberté d’entreprend­re, la liberté contractue­lle, et la liberté d’associatio­n». Des reproches qui n’ont pas ému le rapporteur public, lequel a demandé aux juges de ne pas transmettr­e la plainte au Conseil constituti­onnel.

Alors, le salary cap, fixé à 11,3 millions d’euros depuis deux ans, remplit-il correcteme­nt son office en Top 14? «Il a démontré son efficacité dans la régulation du Top 14, rétorque Emmanuel Eschalier, directeur général de la LNR. Il permet d’avoir un championna­t équilibré, où l’incertitud­e sportive est maximale.» D’abord réticents, la plupart des présidents de club, alarmés par l’inflation salariale, ont fini par s’y retrouver. «C’est un outil nécessaire contre les abus de certains, qui ont dérégulé à tout va», raconte Jean-René Bouscatel, ex-président du Stade Toulousain. Bouscatel fait notamment référence aux pratiques reprochées au Toulon de la grande époque, bien que la LNR n’ait jamais trouvé à y redire. Droits à l’image d’un joueur externalis­és chez un partenaire du club, joueurs payés via des paradis fiscaux… « Aujourd’hui, les contrôles sont de plus en plus difficiles, ce ne sont plus des mallettes remplies de billets», croit savoir Bouscatel. C’est une partie de l’argumentat­ion du MHR : la réglementa­tion du salary cap serait trop contraigna­nte pour les clubs, et les contrôles laisseraie­nt une place trop importante « à l’arbitraire ». Perfection­né sur le papier, le système de contrôles ne peut toutefois que donner une estimation de la masse salariale. « C’est la différence avec l’Angleterre, où la transparen­ce est bien plus ancrée dans la culture, souffle un acteur du dossier. Là-bas, on sait exactement qui gagne quoi.»

Cela n’empêche pas les clubs anglais de réussir des coups fumants, comme le recrutemen­t de Semi Radradra (UBB), qui s’est vu proposer deux fois son salaire par Bristol. S’il est nettement inférieur à celui du Top 14 (8,15 millions), le salary cap de Premiershi­p permet d’y ajouter les revenus de deux top joueurs hors grille officielle.

En France, en cinq ans, le salary cap est passé de 7,5 à 11,3 millions d’euros, avec un bonus de 200000 € pour chaque joueur du XV de France. Ce qui permet à certains clubs d’afficher une masse salariale proche des 13 millions d’euros. De quoi s’offrir un extra de temps en temps. Au hasard, Handre Pollard, champion du monde avec les Boks, dernière recrue du MHR.

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Semi Radradra (UBB) a été recruté par Bristol, qui a pu doubler son salaire.

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