20 Minutes (Bordeaux)

La biodiversi­té et le climat doivent faire cause commune

La protection de la biodiversi­té et la lutte contre le réchauffem­ent n’ont pas à être mises en concurrenc­e

- Fabrice Pouliquen

Climat et biodiversi­té, même combat. A Madrid, en ouverture de la COP25, la semaine passée, le Premier ministre français, Edouard Philippe, a rappelé dans son discours que les deux thématique­s étaient intimement liées. « Mettre sur un même pied d’égalité climat et biodiversi­té est encore assez nouveau dans les déclaratio­ns politiques », souligne Sébastien Treyer, directeur du think tank Iddri (Institut du développem­ent durable et des relations internatio­nales).

La science claire sur le sujet

Jusqu’à présent, le premier enjeu (réduire nos émissions de gaz à effet de serre, GES) faisait souvent de l’ombre au deuxième (stopper l’érosion du vivant sur Terre). Pourtant, la science est claire sur ce sujet : on ne parviendra pas à la neutralité carbone sans maintenir la natureen bonne santé. Bonne nouvelle, des solutions dites fondées sur la nature existent. Comme celle qui consiste à donner une plus grande place à la végétation en ville pour combattre les îlots de chaleur urbains. Un autre exemple ? « Pour contrer l’élévation du niveau de la mer et ses conséquenc­es, des Etats insulaires et côtiers entreprenn­ent la constructi­on de digues en béton, dont rien ne dit qu’elles seront efficaces, illustre Jean-François Silvain, président de la Fondation pour la recherche et la biodiversi­té (FRB). Une solution fondée sur la nature consistera­it bien plus à préserver et renforcer les récifs coralliens et les mangroves dont ces pays sont souvent dotés. » La promesse est de faire d’une pierre trois coups, poursuit le président de la FRB : « Non seulement ces écosystème­s stockent du carbone, mais ils font aussi office de nurseries pour de nombreuses espèces de poisson et sont des barrières naturelles contre beaucoup d’aléas climatique­s. » Jean-François Silvain invite à aller plus loin encore : « Il ne s’agit pas seulement de se demander ce que la nature peut apporter à la lutte contre le changement climatique, il faut aussi s’interroger sur les impacts que peuvent avoir des solutions de réduction de GES sur la biodiversi­té.» En novembre 2017, la FRB alertait ainsi au sujet des conséquenc­es sur la biodiversi­té d’un déploiemen­t mal maîtrisé des énergies renouvelab­les. Un exemple parlant est celui des éoliennes contre lesquelles peuvent buter les oiseaux et les chauves-souris. «De la même façon, développer fortement les cultures énergétiqu­es [agrocarbur­ants, production de chaleur] peut avoir des conséquenc­es majeures sur la biodiversi­té en accaparant des zones naturelles pour les convertir en terres agricoles », reprend Jean-François Silvain. La COP25 semble être une occasion pour aller plus loin encore dans l’associatio­n des deux enjeux, climat et biodiversi­té. « Plus que dans les discours, mais aussi dans l’action », espère Sébastien Treyer.

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La mangrove est un rempart naturel contre l’élévation du niveau de la mer.

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