Par ici la sortie de crise?
L’exécutif tente de désamorcer le mouvement social avant les annonces d’Edouard Philippe, mercredi.
Cette semaine pourrait être la plus importante du quinquennat Macron. Après plusieurs réunions dimanche à Matignon et à l’Elysée, le chef de l’Etat et son Premier ministre, Edouard Philippe, doivent réunir ce lundi les ministres concernés par le dossier et les dirigeants de la majorité pour un «déjeuner de calage». La ministre des Solidarités, Agnès Buzyn, et le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, présenteront dans la foulée aux partenaires sociaux les conclusions de la concertation. Mardi, ce seront les syndicats qui seront en première ligne, une nouvelle journée d’action contre le projet du gouvernement étant prévue. Enfin, mercredi, Edouard Philippe détaillera « l’intégralité du projet du gouvernement» devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Ce qui déterminera la suite du mouvement. Pour l’heure, le dialogue de sourds continue entre les syndicats et le gouvernement. Dans Le JDD, le Premier ministre s’est dit «déterminé» à mener «jusqu’à son terme» le projet de système universel de retraite par points. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, affirmait dans le même journal : «Nous tiendrons jusqu’au retrait» de la réforme.
Pour ne pas perdre la face sur ce dossier, l’une des stratégies du gouvernement est de tenter de briser l’unité syndicale. « La CGT, Sud et la FSU sont arc-boutées sur le retrait du projet. Mais il est possible de rallier certains syndicats en leur donnant des gages, estime Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail et spécialiste des mouvements sociaux (lire ci-dessous). Auprès de la CFTC, par exemple, il peut donner des concessions sur les droits familiaux.» Mais s’il parvenait à se mettre dans la poche les responsables des syndicats dits «réformistes», encore faudrait-il que leurs directions convainquent les adhérents : «En 1995, Nicole Notat [ex-secrétaire générale de la CFDT] s’est fait conspuer par sa base en approuvant le plan Juppé», rappelle Natacha Pommet, secrétaire générale de la fédération CGT des services publics.
Pour déminer le terrain, le gouvernement devra aussi être concret : «Des syndicats ont lancé des simulateurs de retraites. L’exécutif doit être très vite capable de préciser combien chaque futur retraité touchera», insiste Bernard Vivier. A ses yeux, toutefois, le gouvernement ne reculera pas : «Si tel était le cas, Macron serait sûr de ne pas être réélu en 2022.» «D’autant qu’il a été élu sur la promesse de transformer le pays», renchérit Virginie Martin, politiste à Kedge Business School.
Convaincre les responsables des syndycats dits « réformistes », mais aussi leur base.