20 Minutes (Bordeaux)

Les cofondateu­rs de « Booska-P » racontent comment leur site est devenu une référence

«Booska-P» est devenu en quelques années un site Web de culture urbaine de référence

- Clio Weickert

Depuis près de quinze ans, le site Internet Booska-P s’est taillé une place de choix dans l’univers des médias français spécialisé­s dans le rap. L’équipe couvre le hip-hop et suit au plus près ses acteurs depuis octobre 2005. « On allait au coeur des quartiers des rappeurs, on prenait des images auxquelles personne n’avait accès, explique à 20 Minutes Amadou Ba, cofondateu­r et rédacteur en chef de Booska-P. Comme on avait cette proximité avec eux, on arrivait à tirer des choses que d’autres médias traditionn­els ne pouvaient pas avoir.»

A l’origine, le site est un projet de potes. Originaire­s de l’Essonne et passionnés de rap, Fif Tobossi et Amadou Ba, accompagné­s de leur associé Alexis Nouaille, lancent Booska-P afin de donner de la visibilité à des artistes qui n’en ont pas, ou peu. Le plus ? Documenter cette scène en vidéo. « Il y avait des sites avant nous, mais ce n’était que de l’écrit, explique Fif Tobossi. On a réussi à s’imposer avec la vidéo. On a apporté ce côté intimiste, avec des rappeurs qui se livrent.» Booska-P décide alors de suivre les rappeurs à la trace. « On était partout où les rappeurs pouvaient être, dans leurs quartiers, dans les clips ou à la radio », précise Fif.

Ils sont aujourd’hui une vingtaine à faire vivre le site, qui compte deux millions de visites par mois. Comme la plupart des médias, Booska-P est devenu une « marque globale » qui parle de ciné, de mode ou de lifestyle, et qui vit au-delà du site, sur YouTube (environ 15 millions de vues par mois environ) ou sur Instagram (1,3 million d’abonnés). A l’image de « Planète rap » sur Skyrock, qui est devenu dans les années 2000 un passage quasi obligé pour les rappeurs à la radio, Booska-P est considéré comme la référence sur le Web. «Certains artistes veulent le tampon Booska-P, précise Fif

Tobossi. J’en ai déjà entendu dire que, tant qu’ils n’avaient pas leur freestyle Booska-P, ils n’avaient pas réussi. Ça fait plaisir. Pour nous, le rap n’est pas un jeu. On aime cette culture.» Discuter avec Fif Tobossi et Amadou Ba, c’est constater que le regard porté sur le rap s’est ouvert. « A une époque, ceux qui étaient à la tête des médias généralist­es ne connaissai­ent pas le rap, raconte Fif. Maintenant, des gens ont grandi avec cette culture. Demain, ce sera naturel de faire le journal de 20 h avec un Koba LaD. » On espère que Booska-P sera toujours là pour en témoigner.

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Fif Tobossi (à g.) et Amadou Ba, les cofondateu­rs du site Web Booska-P.

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