Face aux violences, la police se sent abandonnée
Des syndicats s’inquiètent de l’augmentation des menaces et violences à l’encontre des policiers
«On sait qui tu es, on va te retrouver, on va te faire la misère.» Dimanche soir, un policier a été violemment pris à partie à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), alors qu’il rentrait chez lui après son service, a appris 20 Minutes de sources concordantes. Selon les premiers éléments de l’enquête, un motard casqué et circulant sur un véhicule sans plaque d’immatriculation aurait tenté à au moins deux reprises de renverser le fonctionnaire. Une plainte a été déposée dans la soirée. « Il convient de rester prudent, il faut voir si un lien est établi avec sa qualité de policier, mais cela fait bien évidemment partie des pistes explorées», indique une source policière. L’affaire s’inscrit dans un contexte particulier. « Des collègues suivis jusqu’à leur domicile, des noms et même parfois des adresses tagués sur les murs de la cité, ce n’est pas nouveau, ce qui l’est, en revanche, c’est la récurrence de ces attaques antiflics», s’inquiète Denis Jacob, secrétaire général d’Alternative Police. Samedi, à PontaultCombault (Seine-et-Marne), un agent de la BAC parisienne a ainsi retrouvé la porte de son domicile griffonnée de slogans antipolice, parmi lesquels «Acab» («all cops are bastards», un acronyme anglophone signifiant « tous les policiers sont des salauds »). Selon nos informations, le fonctionnaire a été relogé en urgence, au moins le temps des investigations.
Sentiment d’abandon
Trois jours auparavant, deux syndicats alertaient également sur la réception par un certain nombre de policiers de courriers de menaces envoyés à leur domicile. « A partir de maintenant, ce sera oeil pour oeil. Pensez à votre famille que vous laissez seule les week-ends. Pour chaque citoyen blessé, ce sera un membre de famille de FDO [forces de l’ordre] qui subira les mêmes préjudices et sans remords», concluait une missive anonyme. «Les policiers souffrent d’un cumul d’amalgames à leur encontre, insiste Linda Kebbab, déléguée nationale au sein d’Unité Police SGP. Des personnalités publiques ou médiatiques participent à cette campagne de haine et de dénigrement et après, on s’étonne qu’on soit pris pour cible. »
Au-delà des inquiétudes et des conséquences sur leur vie personnelle, c’est un sentiment d’abandon que beaucoup expriment. «On a toujours été des punching-balls, mais plus personne ne s’en émeut, poursuit la syndicaliste.
Taper sur des flics, au sens propre, c’est normal.» Si le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a dénoncé « l’extrême gravité » des lettres de menaces, des enquêtes ont systématiquement été diligentées – 16 personnes, soupçonnées d’être à l’origine de ces missives, ont été placées en garde à vue samedi à Bordeaux –, les syndicats déplorent des réponses pénales trop clémentes. « Il faudrait des peines minimales quand on s’en prend à un policier, pas forcément de la prison ferme, mais des peines d’amende dissuasives», estime Denis Jacob.