Le «proto» ne fait pas rire le Sénat
Utilisé pour réaliser de la chantilly au siphon, par exemple, le «proto», pour protoxyde d’azote, est de plus en plus détourné de son usage par les jeunes, toujours plus nombreux à inhaler ce gaz hilarant. La tendance ne déride pour autant pas les parlementaires.
Une proposition de loi « visant à protéger les mineurs des usages dangereux du protoxyde d’azote », à l’initiative de la sénatrice centriste Valérie Létard et de sept autres sénateurs du Nord, doit être examinée au Sénat mercredi. « Nous sommes au début d’un phénomène qui risque de se répandre », souligne Valérie Létard, qui plaide pour la mise en place « d’un arsenal législatif pour limiter les dérives ». Employé par les chefs cuisiniers ou en milieu hospitalier pour ses propriétés anesthésiques et antidouleur, le protoxyde d’azote est très facilement accessible en magasins et sur Internet. Commercialisé sous forme de petites cartouches métalliques, ce gaz est légal, et très peu cher – de 40 à 50 centimes la cartouche. Le problème, c’est qu’il est dangereux pour la santé. La Direction de l’information légale et administrative (Dila), rattachée à Matignon, cite des « brûlures par le froid à l’expulsion du gaz », des « maux de tête», une «atteinte de la moelle épinière », des « troubles psychiques » ou encore des « pertes de mémoire », et même une «mort par asphyxie». Depuis le début de l’année, en France, «25 signalements d’effets sanitaires sévères » ont été enregistrés, dont 10 cas « graves avec des séquelles pour certains». Au Royaume-Uni, plus de 30 décès ont été enregistrés depuis 2001.