20 Minutes (Bordeaux)

Les piques de Spike Lee, futur président du jury

Cannes Le réalisateu­r américain est le premier homme noir à occuper cette fonction. Il est aussi très engagé contre le racisme

- Aude Lorriaux

Pour une fois, il a fait sobre, pourrait-on dire : après sa désignatio­n comme président du jury de la prochaine édition du festival de Cannes, Spike Lee, premier homme noir à occuper cette fonction, s’est dit « honoré d’être la première personne de la diaspora africaine (Etats-Unis) à assurer la présidence du jury de Cannes et d’un grand festival ». Mais le ton Spike Lee est aussi volontiers politique et irrévérenc­ieux. Dans ses films et dans ses discours, le réalisateu­r n’a cessé de plaider la cause noire. Voici une sélection de quelques-unes de ses punchlines.

V 2019 : « Mobilisons-nous, soyons du bon côté de l’histoire. » C’était en février dernier, et cela faisait des années que Spike Lee l’attendait : sa toute première statuette aux Oscars, dans la catégorie de la meilleure adaptation, pour BlacKkKlan­sman. Une histoire qui raconte comment un policier noir a infiltré une cellule du Ku Klux Klan à la fin des années 1970. A l’annonce de son oscar, Spike Lee prononce un vibrant hommage à ses ancêtres et termine son discours en forme de pied de nez à l’un de ses ennemis : le président des Etats-Unis, Donald Trump. « Mobilisons-nous, soyons du bon côté de l’histoire. Faites le choix de l’amour contre la haine. Faisons le bon choix ! »

V 2016 : « Plus facile pour un Noir d’être président des Etats-Unis qu’à la tête d’un studio. » La scène se déroule un peu avant les Oscars, alors que les nomination­s viennent d’être annoncées. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer des #OscarsSoWh­ite, des Oscars « trop blancs ». Parmi ces voix, celle de Spike Lee, qui décide de boycotter la cérémonie : « Moi je n’irai pas, ma femme n’ira pas non plus, mais tout le monde peut faire ce qu’il veut. Moi ce soir-là, j’irai voir le match des New York Knicks au Madison Square Garden. » Avant de lâcher : « Il est plus facile pour un Noir d’être président des EtatsUnis qu’à la tête d’un studio. »

V 2013 : « Le seul moyen de sortir un film en tant que cinéaste indépendan­t, c’est de mettre la main à la poche. » En 2013, Spike Lee effectue sa traversée du désert. Il a connu toute une période où il n’avait «plus la cote », nous explique Régis Dubois, auteur du livre Spike Lee, un cinéaste controvers­é. Pour financer son prochain film, il lance une campagne Kickstarte­r. Et en profite pour balancer un scud à Hollywood : « Le seul moyen de sortir un film en tant que cinéaste indépendan­t, c’est de mettre la main à la poche. »

V 2008 : « Ce serait génial que la Maison-Blanche puisse devenir la “Maison-Noire”. » Nous sommes quelques mois avant l’élection de Barack Obama. Spike Lee présente Miracle à SantaAnna au festival de Deauville, une fresque sur le rôle des soldats afro-américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Interviewé par notre consoeur Caroline Vié de 20 Minutes, qui lui demande si « un cinéaste doit être engagé », Spike Lee ne se dérobe pas : « Je ne suis pas donneur de leçons. Chacun fait selon son coeur et ses conviction­s. Pour ma part, je soutiens Obama à fond. Financière­ment et verbalemen­t. Ce serait génial que la Maison-Blanche puisse devenir la “Maison-Noire”. Je croise les doigts pour que cela arrive en novembre. »

« Je ne suis pas donneur de leçons. Mais je soutiens Obama à fond. » (En 2008)

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Spike Lee est un fervent défenseur des minorités, comme l’illustrent ses discours et interviews.

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