20 Minutes (Bordeaux)

SpaceX réussit un lancement et voit beaucoup plus loin

L’entreprise a validé un test de sécurité demandé par la Nasa, dimanche, et pourrait bientôt transporte­r des astronaute­s américains

- Lucie Bras

C’était l’ultime test de sécurité avant un premier vol habité. Dimanche, SpaceX a réussi l’éjection d’urgence d’une capsule (vide) peu après le décollage de sa fusée, sous les hourras des équipes d’ingénieurs au sol, en Floride. La capsule Crew Dragon s’est posée au sol huit minutes plus tard. «Pour autant que nous puissions le dire, c’est une mission parfaite, a déclaré Elon Musk, milliardai­re excentriqu­e et patron de SpaceX, à l’issue du test. Cela s’est aussi bien passé que prévu. » En remplissan­t cette consigne imposée par la Nasa, l’entreprise va-t-elle entrer dans la cour des grands ?

«On a assisté à un test crucial pour la sécurité des astronaute­s, l’un des derniers avant de lancer une équipe du Commercial Crew dans un vol habité, commente Olivier Sanguy, médiateur scientifiq­ue de la Cité de l’espace à Toulouse. Ça rassure le monde entier en montrant que le programme progresse.» Il y a quelques années, la Nasa a décidé de délaisser son programme de navettes pour confier au secteur privé le transport des astronaute­s vers la Station spatiale internatio­nale (ISS). Par «secteur privé», on entend la Russie et sa capsule Soyouz. Mais elle est aussi « cliente » de deux sociétés qu’elle a sélectionn­ées : SpaceX et Boeing. Les deux entreprise­s se sont lancées dans la course à l’espace. SpaceX, créée en 2002, passera à «l’âge de la maturité si elle réussit le premier vol habité», prévu au deuxième trimestre 2020 par la Nasa, confirme Arthur Sauzay, expert des questions spatiales à l’Institut Montaigne. « Même s’il faut garder la tête froide, on est à un tournant, vers une nouvelle grande époque des voyages dans l’espace, poursuit le spécialist­e. SpaceX a remis une sorte de grain de folie dans l’aventure spatiale. Elon Musk fait rêver. Il stimule, il énerve, mais il fait bouger les lignes.» Objectif affiché : rendre aux Etats-Unis la liberté d’envoyer leurs propres astronaute­s vers l’ISS. « Depuis 2011, aucun Américain n’est parti dans l’espace dans un engin américain », confirme Olivier Sanguy.

SpaceX sait qu’elle doit garder en tête la réduction des coûts. Sa grande innovation, c’est d’ailleurs son lanceur automatiqu­e Falcon 9, le seul au monde à être réutilisab­le. « Lors du test de dimanche, le lanceur qui a servi volait pour la quatrième fois», explique Olivier Sanguy. SpaceX, Boeing et d’autres « veulent faire moins cher et plus systématiq­ue. Ils veulent ouvrir l’espace au plus de monde possible», commente Arthur Sauzay. D’autant que l’entreprise n’a pas signé de contrat d’exclusivit­é avec la Nasa et peut proposer des vols commerciau­x, comme celui du milliardai­re japonais Yusaku Maezawa, prévu en 2023 autour de la Lune.

«Elon Musk stimule, énerve, mais il fait bouger les lignes. » Arthur Sauzay, Institut Montaigne

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Lancement de la capsule Crew Dragon, dimanche en Floride.

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