20 Minutes (Bordeaux)

L’écologie monte sur le trône

L’associatio­n La Fumainerie veut expériment­er un réseau alternatif de toilettes sèches sur la rive gauche, à partir de ce printemps

- Elsa Provenzano

Le petit coin engloutit environ 20 % de la consommati­on d’eau d’un foyer. L’associatio­n bordelaise « la Fumainerie » [le fumain étant le fumier humain] propose de développer les toilettes sèches.

Comment est née l’idée ? Ambre, membre fondatrice de la Fumainerie, voulait installer des toilettes sèches chez elle et s’est heurtée à des difficulté­s comme le stockage et la valorisati­on du «compost» produit. L’an dernier, l’associatio­n a identifié plus d’une trentaine de foyers bordelais intéressés pour passer à des toilettes sèches et écologique­s et elle en cherche encore.

Quels enjeux ? « On fait nos besoins dans de l’eau potable, c’est scandaleux », souligne Maïlys Horiot, membre de la Fumainerie. Et certains des micropollu­ants présents dans nos déjections, non filtrés par les stations d’épuration, se retrouvent dans la Garonne. Créée en février 2019, la structure va lancer dès ce printemps une expériment­ation de deux ans auprès d’une centaine de Bordelais pour installer à leur domicile des toilettes sèches et proposer une valorisati­on de leurs « production­s ».

Comment l’associatio­n va-t-elle procéder ? « On retire les toilettes humides et on les stocke, puis on installe des toilettes sèches avec un bac positionné dessous, explique Maïlys Horiot. Il y a plusieurs modèles, certains permettent une séparation entre l’urine et les excréments.» Les testeurs de toilettes sèches signaleron­t sur une plateforme leur disponibil­ité pour que leur bac soit vidé. Le vidangeur des différente­s « production­s » se déplacera à l’heure convenue à leur domicile, en triporteur et les transporte­ra jusqu’à Mérignac où elles seront stockées. Plusieurs types de valorisati­on seront expériment­és après transforma­tion des déjections en fertilisan­ts, en lien avec des partenaire­s agricoles. De la production d’électricit­é par la technique de la méthanisat­ion est aussi envisagée.

Comment gérer les odeurs ? De la sciure à chaque passage au petit coin permet un premier compostage. Et pour neutralise­r l’odeur ammoniaqué­e de l’urine, « ce qui est le plus odorant » selon Maïlys Horiot, quelques gouttes de vinaigre blanc suffisent.

Comment le projet est-il financé ? Soutenue par la Métropole, la Région et le Départemen­t, la Fumainerie a lancé un financemen­t participat­if visant à rassembler 8 000 €. Chaque foyer pourra fixer le prix qu’il est prêt à verser. Un vidangeur et un coordonnat­eur vont être recrutés à mi-temps pour prêter main-forte à la dizaine de bénévoles.

 ??  ?? Deux modèles de toilettes sèches, l’un low-tech et l’autre high-tech.
Deux modèles de toilettes sèches, l’un low-tech et l’autre high-tech.

Newspapers in French

Newspapers from France