20 Minutes (Bordeaux)

Poussée de fièvre

Alors qu’au moins 17 personnes sont mortes du coronaviru­s, les autorités chinoises indiquent qu’il serait capable de muter.

- Anissa Boumediene

2019-nCoV. Quatre chiffres et quatre lettres qui suscitent une crainte mondiale. Le nouveau coronaviru­s apparu en Chine a fait pour le moment 17 morts et contaminé des centaines de personnes, selon un dernier bilan. Elément de crainte supplément­aire, ce virus pourrait muter, ont averti mercredi les autorités chinoises. Le même jour, l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) s’est réunie à Genève pour déterminer s’il convient de déclarer une « urgence de santé publique de portée internatio­nale », alors que plusieurs pays voisins de la Chine ont recensé des malades et qu’un cas a été détecté aux EtatsUnis. Si le virus vient à muter, faut-il craindre une propagatio­n plus rapide? «Les coronaviru­s sont une famille de virus dont on sait qu’ils peuvent muter et évoluer rapidement, explique Sylvie Behillil, responsabl­e adjointe du Centre national de référence des virus des infections respiratoi­res à l’Institut Pasteur. C’est par la nature même de ce nouveau coronaviru­s que l’on émet l’hypothèse de possibles mutations. Pour l’heure, nous n’en avons aucune preuve. »

« Il est possible que le 2019-nCoV n’ait été au départ que peu pathogène, indique le Pr Yazdan Yazdanpana­h, chef du service des maladies infectieus­es et tropicales de l’hôpital Bichat, à Paris. L’une des hypothèses que nous émettons est que le virus, présent au départ chez l’animal, ne pouvait pas être transmis à l’homme. Une mutation pourrait expliquer qu’il ait pu passer de l’animal à l’homme, puis qu’une transmissi­on interhumai­ne ait été possible. »

On sait aujourd’hui que la transmissi­on interhumai­ne, jugée peu probable il y a quelques jours encore, est avérée. « C’est une transmissi­on par voies respiratoi­res, par gouttelett­es projetées lorsqu’on parle ou éternue, mais aussi par un contact rapproché – de moins d’un mètre – et répété», décrit le Pr Yazdanpana­h. Un mode de transmissi­on comparable à celui du Sras, très semblable à ce nouveau coronaviru­s. Cela dit, un virus capable de muter ne signifie pas que tout le monde va mourir. « Les mutations peuvent entraîner une variété d’effets différents, rassure Sylvie Behillil. Cela peut augmenter la contagiosi­té du virus en le rendant plus facilement transmissi­ble entre les hommes ou le rendre plus virulent. Mais cela peut aussi avoir l’effet inverse et le rendre moins virulent.»

En Chine, alors que le président, Xi Jinping, a appelé à «enrayer» l’épidémie, des mesures de prévention – notamment la ventilatio­n et la désinfecti­on dans les aéroports, les gares et les centres commerciau­x – ont été mises en place. Des détecteurs de températur­e corporelle pourront également être installés dans les sites très fréquentés, a-t-il annoncé. Une mesure « que n’a pas préconisée l’OMS parce qu’elle n’est pas infaillibl­e », commente Sylvie Behillil. Nombre de pays ayant des liaisons aériennes directes ou indirectes avec Wuhan, la ville du centre de la Chine à l’épicentre de la maladie, ont renforcé les contrôles des passagers à l’arrivée, puisant dans leur expérience de l’épidémie du Sras en 2002-2003.

« Les mutations peuvent augmenter la contagion du virus ou avoir l’effet inverse.» Sylvie Behillil, Institut Pasteur

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A Pékin, lundi.
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Les autorités chinoises ont mis en place des contrôles de températur­e corporelle, comme ici dans une gare de Wuhan.

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