Poussée de fièvre
Alors qu’au moins 17 personnes sont mortes du coronavirus, les autorités chinoises indiquent qu’il serait capable de muter.
2019-nCoV. Quatre chiffres et quatre lettres qui suscitent une crainte mondiale. Le nouveau coronavirus apparu en Chine a fait pour le moment 17 morts et contaminé des centaines de personnes, selon un dernier bilan. Elément de crainte supplémentaire, ce virus pourrait muter, ont averti mercredi les autorités chinoises. Le même jour, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est réunie à Genève pour déterminer s’il convient de déclarer une « urgence de santé publique de portée internationale », alors que plusieurs pays voisins de la Chine ont recensé des malades et qu’un cas a été détecté aux EtatsUnis. Si le virus vient à muter, faut-il craindre une propagation plus rapide? «Les coronavirus sont une famille de virus dont on sait qu’ils peuvent muter et évoluer rapidement, explique Sylvie Behillil, responsable adjointe du Centre national de référence des virus des infections respiratoires à l’Institut Pasteur. C’est par la nature même de ce nouveau coronavirus que l’on émet l’hypothèse de possibles mutations. Pour l’heure, nous n’en avons aucune preuve. »
« Il est possible que le 2019-nCoV n’ait été au départ que peu pathogène, indique le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat, à Paris. L’une des hypothèses que nous émettons est que le virus, présent au départ chez l’animal, ne pouvait pas être transmis à l’homme. Une mutation pourrait expliquer qu’il ait pu passer de l’animal à l’homme, puis qu’une transmission interhumaine ait été possible. »
On sait aujourd’hui que la transmission interhumaine, jugée peu probable il y a quelques jours encore, est avérée. « C’est une transmission par voies respiratoires, par gouttelettes projetées lorsqu’on parle ou éternue, mais aussi par un contact rapproché – de moins d’un mètre – et répété», décrit le Pr Yazdanpanah. Un mode de transmission comparable à celui du Sras, très semblable à ce nouveau coronavirus. Cela dit, un virus capable de muter ne signifie pas que tout le monde va mourir. « Les mutations peuvent entraîner une variété d’effets différents, rassure Sylvie Behillil. Cela peut augmenter la contagiosité du virus en le rendant plus facilement transmissible entre les hommes ou le rendre plus virulent. Mais cela peut aussi avoir l’effet inverse et le rendre moins virulent.»
En Chine, alors que le président, Xi Jinping, a appelé à «enrayer» l’épidémie, des mesures de prévention – notamment la ventilation et la désinfection dans les aéroports, les gares et les centres commerciaux – ont été mises en place. Des détecteurs de température corporelle pourront également être installés dans les sites très fréquentés, a-t-il annoncé. Une mesure « que n’a pas préconisée l’OMS parce qu’elle n’est pas infaillible », commente Sylvie Behillil. Nombre de pays ayant des liaisons aériennes directes ou indirectes avec Wuhan, la ville du centre de la Chine à l’épicentre de la maladie, ont renforcé les contrôles des passagers à l’arrivée, puisant dans leur expérience de l’épidémie du Sras en 2002-2003.
« Les mutations peuvent augmenter la contagion du virus ou avoir l’effet inverse.» Sylvie Behillil, Institut Pasteur