20 Minutes (Bordeaux)

La défense retrouve des couleurs entre les mains d’Edwards

Gueulard assoiffé de victoires, Shaun Edwards est l’homme fort de la défense des Bleus

- William Pereira

Vous avez sans doute entendu son nom après la victoire du XV de France contre l’Angleterre (24-17) dimanche dernier. L’Anglais Shaun Edwards, nouvel entraîneur de la défense française, est présenté comme le principal artisan de l’exploit dominical. Sa rush défense, aussi appelée blitz défense et qui consiste en une montée défensive rapide et agressive, a dégoûté l’ennemi et permis à ses joueurs de tenir leur ligne, parfois miraculeus­ement, jusqu’à la 80e.

«Entré par effraction»

Comme cette tactique défensive qu’il a lui même théorisée début 2000, Shaun Edwards a tendance à rentrer dans le lard. « Il préfère les messages courts mais marquants», note Romain Ntamack. Autrement dit, l’homme fonctionne par phrases-clés, pour la plupart distillées en français. Des mois qu’il prend des cours, à raison d’une heure quotidienn­e. Le résultat est probant : « Plaquage à deux », « Attaque les jambes », « Aucun ballon facile ! » «Shaun, il nous dit toujours “aucun ruck facile”, se marre Grégory Alldritt, troisième ligne des Bleus. C’est sa devise, il nous le répète une centaine de fois par jour. » Taciturne – mais un brin blagueur quand on creuse bien, nous dit-on –, l’Anglais traîne derrière lui une réputation de bourreau de travail, craint car perfection­niste. On peut citer Shane Williams décrivant Edwards comme un personnage capable de pourrir un mec auteur d’un triplé, si celui-ci avait eu le malheur de rater un plaquage. Et au jeu du meilleur souvenir d’Edwards en père Fouettard, c’est son ancien joueur chez les Wasps, Lawrence Dallaglio, qui décroche la palme. «C’est le seul coach à être entré par effraction chez moi et s’être assis en attendant mon retour pour parler de mon match du samedi précédent. On a discuté dix minutes, puis il s’est levé et il est parti. » Théoricien de la défense, stakhanovi­ste, un peu trop combatif… La France aurait-elle engagé un spécialist­e de la destructio­n, bourrin notoire ? Négatif, nous dit Gaël Tallec, ancien coéquipier de l’Anglais à l’époque où ce dernier était ouvreur à Wigan. « C’était quelqu’un qui dirigeait le jeu quand il était joueur. Il jouait demi-de-mêlée et demi-d’ouverture. En défense, ce n’était pas le plus gros des gabarits ni celui qui défendait le plus. Ce n’était pas son rôle, même s’il plaquait. Ça peut surprendre pour ceux qui l’ont connu joueur de voir sa trajectoir­e d’entraîneur. Je l’aurais plus vu entraîneur principal.»

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L’Anglais traîne derrière lui une réputation de bourreau de travail.

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