Un état bloquant
Contraints au confinement par l’épidémie de coronavirus, des lecteurs de «20 Minutes» témoignent de cette expérience difficile.
« C’est un coup dur de plus. On avait déjà eu le Brexit, les manifestations à Hong Kong et là, c’est le coronavirus. Les indicateurs n’étaient déjà pas bons mais là, c’est pire. » Patricia Zabalza est directrice de l’Union des Côtes de Bordeaux et avoue aujourd’hui être « dans le flou ».
La faute au Covid-19, qui fait tousser le marché chinois, première destination des vins de Bordeaux à l’export (421 000 hectolitres exportés, soit 56 millions de bouteilles). Des milliers de bouteilles de vin de Bordeaux sont donc en attente dans des ports. Impossible pour les Côtes de Bordeaux de chiffrer le manque à gagner. Même chose du côté du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), qui organisait sa conférence annuelle mardi, à Paris. « Il y a forcément une inquiétude, car nous ne savons pas où l’on va, ni combien de temps cela va durer. On sait que l’épidémie aura un impact sur l’export et les chiffres exacts devraient être connus en mai », précise Christophe Chateau, directeur de la communication du CIVB, assurant avoir « tous les jours la Chine au téléphone ».
« Le ralentissement a commencé comme chaque année après le Nouvel An chinois. Mais l’arrivée du coronavirus a remis un coup de frein en bloquant les échanges et les bateaux aux ports », explique encore Karim Glachant, responsable export chez le négociant Dubos Frères, qui s’inquiète aujourd’hui pour le marché
européen et « local ». Car le coronavirus a gagné l’Europe et depuis le début du mois de mars, les annulations ou les reports de grands rendez-vous de la viticulture se multiplient (lire l’encadré).
La plupart des viticulteurs en panne de trésorerie et les négociants contactés tentent de limiter la casse « en s’adaptant, en expédiant des échantillons, détaille Patricia Zabalza. Sans oublier que les Chinois sont des partenaires commerciaux très offensifs et qu’ils ont rapidement trouvé la parade en s’activant sur Internet.» Le «e-commerce de vin» pourrait ainsi afficher des chiffres record d’ici le mois de juin. « Le business se fait par Skype », assure-t-on du côté du CIVB.
«Les Chinois ont rapidement trouvé la parade en s’activant sur Internet.» Patricia Zabalza, directrice de l’Union des Côtes de Bordeaux