20 Minutes (Bordeaux)

La touche JonOne se greffe à l’institut Bernard-Magrez

En résidence, l’artiste américain pourrait aider l’institut Bernard-Magrez à devenir un haut lieu du street art

- Marion Pignot

« C’est notre mission depuis un an : que l’institut Bernard-Magrez devienne la référence du street art en France.» Dans la rotonde du château Labottière, à Bordeaux, Aurélien Desailloud a lancé mercredi l’exposition « Free Spirit » du graffeur JonOne. L’institut Magrez vient de décrocher la première exposition in situ de l’Américain en France. «JonOne était déjà venu il y a cinq ans et ça s’était bien passé, se souvient Aurélien Desailloud. On l’a appelé et il a été séduit tout de suite par notre projet.»

«Il y a des fantômes»

Soit de faire une rétrospect­ive qui ne dit pas son nom et de donner carte blanche au New-Yorkais pour « repeindre» durant sa résidence le premier étage de l’hôtel particulie­r du XVIIIe siècle. Résultat, une «chambre d’ado» comme chez sa mère avec pots de peinture à l’abandon, échafaudag­e en plein milieu et des splashs, coulures et drippings que les visiteurs pourront piétiner. Le «King of Harlem» est un ami de longue date de Bernard Margrez, «amoureux de l’art», selon Aurélien Desailloud et «précurseur malgré son jeune âge», blague John Perello alias JonOne. Le collection­neur détient plus d’une centaine d’oeuvres d’art urbain et vient de se faire «pimper » sa Jaguar par l’artiste de rue. « Il voit quand ça va plaire et a vu d’emblée que j’avais quelque chose à raconter», explique JonOne qui estime que le château Labottière est le plus beau lieu qu’il a investi. « Il y a des fantômes, je crois, j’ai senti un truc. Il y a une vraie énergie », raconte le graffeur qui a mis sept jours et sept nuits à redécorer l’étage. L’hôtel cossu mise sur la popularité de l’Américain pour gagner en notoriété dans le milieu. «Le choix est bon, assure William Speestra, collection­neur et mécène qui a découvert JonOne à ses débuts, il y a plus de quinze ans. Les institutio­ns muséales et les fondations privées s’intéressen­t au street art, intriguées par le succès de Banksy, d’Invader ou de Swoon. Et aujourd’hui il n’y a plus une expo ou une vente de street art qui se fasse sans un JonOne. » Les oeuvres à l’huile ou à l’acrylique de l’ex-graffeur du métro se vendent jusqu’à 90000 €, «voire plus durant les enchères».

Depuis 1981 et la première exposition de graffitis au Musée des monuments français, l’art urbain a fait son chemin. Jusqu’à l’institut de la rue Labottière qui mise sur la niche et un «Magrez visionnair­e», selon William Speestra, pour mettre en avant « un style qui est celui de l’interdit, du danger et de la rébellion ».

«En trente ans, l’art urbain est passé de la friche au château», a glissé durant l’avant-première de l’expo Roswitha Guillemin, du Street Art Journal. Dans trois mois, l’institut Magrez ouvrira ses portes à Speedy Graphito, Jacques Villeglé, Jérôme Mesnager et à cinq autres pionniers du street art qui ont refait les murs dans les années 1970.

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JonOne, devant la Jaguar «pimpée» du collection­neur Bernard Magrez.

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