«Il ne faut pas avoir peur de s’opposer et de s’extraire de ce milieu politique»
Crédité de 11,77% des votes au premier tour, compte bien peser au conseil municipal après le 28 juin
Il attend 20 Minutes tout sourire et détendu, au bar des Remparts. Lundi, Philippe Poutou vient, avec son colistier Nordine Raymond, de déposer sa profession de foi à la mairie de Bordeaux. Le candidat « anticapitaliste» (Bordeaux en luttes) aborde l’entre-deux tours avec optimisme.
L’alliance Nicolas Florian-Thomas Cazenave n’est pas une surprise ? C’est un non-événement, parce que ça fait un moment qu’elle se discutait en coulisses. C’est bien, ça éclaircit le paysage. Deux candidats de droite, ça faisait beaucoup. Et il n’y a tellement pas de différence entre leurs programmes qu’ils se sont juste entendus sur le partage du pouvoir, des rôles et des postes. Bordeaux ne perd rien : ni un programme, ni une idée. Au final, c’est la quadrangulaire qui aurait été une surprise.
A aucun moment, vous n’avez envisagé de rejoindre Pierre Hurmic ? Non. Dès le départ, nous avons dit que nous ne souhaitions pas une alliance, parce que nous sommes incompatibles. Ce que nous avons envie de dire et de faire ne colle pas avec ce que veut dire EELV ou le PS. Si Pierre Hurmic était venu, nous aurions eu le plaisir de lui dire « non ».
Bordeaux en luttes est, selon vous, la seule véritable opposition ?
La vraie opposition de gauche, si ça peut avoir un sens, oui. Il y a la droite libérale et, en face, le mieux que l’on propose aux Bordelais, c’est une gauche libérale EELV-PS qui a déjà fait la démonstration au niveau national de ce qu’elle était incapable de proposer. Nous sommes le troisième larron et, si nous ne sommes pas favoris du tout, nous représentons une alternative qui assume de représenter un autre camp social que celui qui est habituellement au pouvoir.
On vous attaque sur un programme qui manque d’ancrage local…
Je suis, comme les autres candidats, un habitant de Bordeaux et pas moins ancré localement que Pierre Hurmic qui avance toujours cet argument hypocrite des thèmes nationaux pour ne pas me répondre. On ne ment pas sur la marchandise, on s’appelle Bordeaux en luttes. On se retrouvait dans la rue et on a choisi cette élection pour porter haut notre mécontentement. On ne voulait pas se contenter d’être dans des manifs et de se plaindre de nos dirigeants. On veut faire de la politique jusqu’au bout et dire : « Regardez la place que vous avez, on va vous la prendre. Et si on vous la prend, ça ne sera pas pour servir les mêmes riches, les mêmes privilégiés ».
Comment espérez-vous peser si vous entrez au conseil municipal ? On a un gros espoir d’avoir plusieurs élus, d’avoir une belle équipe. On aimerait faire mieux que les 12 % du premier tour. Si on n’est que quatre, on ira à quatre mais le défi, c’est d’être six, sept, huit… On peut peser plus que Pierre Hurmic même si son groupe est plus grand que le nôtre. C’est une question de détermination. Il ne faut pas avoir peur de dénoncer, de s’opposer, de s’extraire de ce milieu politique. Pierre Hurmic, il est dedans. Nous sommes les seuls en dehors.
Siéger au conseil municipal, c’est une première victoire pour vous ?
La première victoire, c’était la constitution de la liste avec des militants NPA, LFI et des « gilets jaunes », la deuxième c’est la barre des 10 % et d’être au second tour. Ils auraient aimé jouer la finale à deux, eh bien on sera trois ! On aimerait que les Bordelais comprennent que le vote utile, c’est nous. La crise liée au Covid-19 a-t-elle changé votre campagne ?
Au contraire, le confinement nous a mis encore plus en colère. Il y a eu une absence de démocratie, les plus démunis se sont retrouvés en danger et les inégalités sociales sont apparues de façon encore plus flagrante. Pour la première fois, on nous a demandé notre avis, nous avons fait des propositions. Cela veut dire qu’on est dans le paysage politique. Le défi, pour nous, est de continuer sur cette lancée après le 28 juin.
«Il ne faut pas avoir peur de dénoncer, de s’opposer, de s’extraire de ce milieu politique.»