Municipales
A 98 ans, le maire de Saint-Seurin-sur-l’Isle continue le combat
En apparence, Saint-Seurin-sur-l’Isle paraît calme. Pourtant, cette commune du nord-est de la Gironde est, depuis quelques mois, en ébullition. La raison? Son élection municipale. Le maire, Marcel Berthomé, 98 ans, plus vieil édile de France, est toujours en course pour un 9e mandat. Mais pas encore réélu (45,62 % des voix au premier tour). Et c’est là finalement la plus grosse surprise.
Un climat «délétère»
Pour la première fois depuis 1971, il est poussé au second tour et dans une triangulaire. Une sorte d’affront pour ce commandeur de la Légion d’honneur. Ses deux adversaires sont deux ex-conseillers municipaux, Eveline Lavaure-Cardona et Jean-Marc Sallaberry. Des anciens « alliés » qui ne mâchent pas leurs mots aujourd’hui à l’image des proches de son opposante (41,20 % des voix au premier tour) : « C’est un dictateur, le conseil municipal ne sert absolument à rien, il cherche juste à installer sa fille (Anne Berthomé). C’est elle qui dirige la ville déjà depuis six ans. Saint-Seurin-surl’Isle, c’est devenu Monaco. ». Jean-Marc Sallaberry (13,17 % des voix au premier tour) avait dénoncé des « approximations » dans les bureaux de votes en mars et avait même déposé deux recours pour faire reconnaître la « nullité des bulletins ». Bref, le « climat est délétère » comme le reconnaissent plusieurs observateurs de la commune. Au milieu de ça, pas évident de s’y retrouver pour les 3100habitants. «Même s’il a encore toute sa tête, je pense qu’il a fait son temps, juge Séverine. Vous imaginez, il aura 104 ans à la fin du prochain mandat s’il est encore réélu. » Pour un commerçant de la ville en revanche, l’âge du premier édile « ne lui pose aucun problème ». Ce boulanger trouve même « son maire toujours aussi actif et dynamique dans la gestion de sa commune ».
Dans ce contexte pour le moins particulier, il ne faut pas compter sur Marcel Berthomé pour baisser pavillon et rendre les armes. Cet ancien commandant de l’armée de l’Air, qui a participé à la Seconde Guerre mondiale puis à celles d’Indochine et d’Algérie, en a vu d’autres. Et il peut compter sur son équipe pour le défendre : « Il est toujours en super forme et toujours aussi visible dans la commune contrairement à ce que disent certains». Marcel Berthomé, qui ne veut toujours pas de téléphone portable et d’ordinateur, a tout de même créé, comme ses adversaires, un site Internet pour cette élection municipale. Un détail pour beaucoup mais qui prouve bien que le plus vieux maire de France ne compte pas se laisser déborder par ses «jeunes» concurrents, d’ici le 28 juin. Il a bien compris que pour la première fois de son histoire la route ne semble pas toute tracée pour lui. Sa grande expérience est là pour le lui rappeler.