Les petites villes entrent en campagne
L’envie d’espace postconfinement des Français semble déjà se concrétiser
S’éloigner de la ville et voir plus grand. Le constat post-confinement est sans appel : les Français veulent changer d’air. Cette tendance n’est pas nouvelle, 78 % des habitants des métropoles préféraient déjà vivre dans une ville moyenne ou une commune rurale d’après un baromètre Ipsos publié en octobre 2019. La période de confinement semble avoir accéléré le phénomène. « On ressent déjà un changement important dans les demandes, témoigne
Pierre-Emmanuel Raffroidi, mandataire immobilier, la première question que les acheteurs nous posent concerne les espaces extérieurs. » C’est la grosse évolution sur le marché, le nombre de demandes pour des biens avec terrasse, balcon, voire un jardin, comme le souligne Séverine Amate de SeLoger : « Neuf acheteurs sur dix demandent un espace extérieur. Ce qui étonne le plus, c’est que les recherches sont concentrées aux deux tiers sur des maisons, c’est énorme ! »
Autre évolution, les zones de recherches des acheteurs potentiels. « Sur nos plateformes, 38% des acheteurs ont élargi leurs zones de recherche. Ils sont de plus en plus nombreux à se projeter sur la campagne, la banlieue, les petites villes en dehors des grandes zones urbaines », note la spécialiste. Un phénomène qui se confirme à Paris, d’après Pierre-Emmanuel Raffroidi :« Je fais face à énormément de personnes en train de changer de projet. Certaines veulent vendre leur bien parisien pour acheter en campagne, d’autres cherchaient à Paris avant le confinement et se tournent maintenant vers le rural ou les petites villes. »
« Les acheteurs cherchent des biens plus grands, éloignés des grandes villes. » Pierre-Emmanuel Raffroidi, mandataire immobilier
L’impact du télétravail
Alors que l’immobilier était régi par les critères de prix, de surface et de distance avec le travail, les choses seraient en train de changer, d’après le mandataire : « Le confinement a fait découvrir le télétravail à beaucoup d’entre nous. De nombreux acheteurs se mettent en quête de biens plus conséquents, éloignés des grandes villes, avec une pièce dédiée au boulot. La distance avec le travail n’est plus un frein pour certains. » Un changement confirmé par Séverine Amate : « Avant, on ne pensait qu’à l’emplacement. La distanciation entre le lieu de vie et le bureau est désormais perçue comme possible. » Se manifeste aussi l’envie de vivre de façon plus responsable, plus respectueuse de l’environnement. « On sent une prise de conscience sur les questions de dépense énergétique et de consommation. Du coup, oui, ça cherche beaucoup en zone rurale », enchérit Pierre-Emmanuel Raffroidi. Une mise au vert, dans tous les sens du terme.