20 Minutes (Bordeaux)

La pierre n’est pas la plus mal lotie

Le marché de l’emploi et le budget des ménages ne sortiront pas indemnes de la crise du coronaviru­s. Pour l’immobilier, rien n’est écrit

- Emilie Cochaud-Kaminski

C’est la question à un million d’euros. Face à la crise économique qui se profile, les prix de l’immobilier vontils trinquer ? « Il faut être extrêmemen­t humble, on ne sait pas vraiment. Mais on peut essayer de tirer des lois de ce qu’on a pu vivre par le passé », confie Thomas Lefebvre, directeur scientifiq­ue de MeilleursA­gents. Pour anticiper l’évolution du marché, il faut suivre trois indicateur­s, rappelle-t-il : l’économie et en particulie­r l’emploi, le comporteme­nt des banques et la confiance des Français en l’avenir. Côté confiance, les agences assurent que le moral est intact, revigoré, même. Depuis le 11 mai, les transactio­ns gelées pendant le confinemen­t se sont concrétisé­es et les visites repartent de plus belle. « On fait des records de trafic historique­s, constate Corinne Jolly, présidente de Pap.fr. Sur début juin, on observe 50 % d’acheteurs potentiels en plus par rapport à l’année dernière. »

Une baisse à prévoir

L’envie de changer d’air est là. Mais « il y a une fragilisat­ion générale des ménages, certains plus atteints que d’autres », appuie Henry Buzy-Cazaux, fondateur de l’Institut du management des services immobilier­s. « Sans parler d’effondreme­nt des prix, les vendeurs vont devoir se rapprocher de ce pouvoir d’achat affaibli. C’est un mécanisme naturel : le logement n’est pas un bien hors sol », martèle-t-il. Pour l’instant, les promesses de vente signées en mai indiquent « une stabilité des prix », note Thomas Lefebvre. Sur le long terme, dans les zones qui s’en sortent le mieux économique­ment, « on devrait être sur une stabilité voire une légère baisse ». Les villes aux industries fragilisée­s, comme Toulouse avec l’aéronautiq­ue, pourraient accuser une baisse plus notable selon lui. Mais il faudra attendre septembre pour « avoir une meilleure visibilité » et dégager une vraie tendance, insiste l’expert. Si baisse des prix il y a, ce ne sera pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde, sourit Henry BuzyCazaux. « Cela permettrai­t aux ménages d’oser engager la négociatio­n, alors que ce n’était plus possible sur les marchés tendus. » Un argument à mettre sur la table avant la signature ?

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La pierre pourrait se calquer sur la baisse du pouvoir d’achat des Français.

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