20 Minutes (Bordeaux)

«L’inquiétant est le déni des autorités»

Livre Dans «La Revanche de la nature», Aymeric Caron tire les leçons de la crise sanitaire du coronaviru­s et de la crise écologique à venir

- Propos recueillis par Laure Beaudonnet

Quelles leçons doit-on tirer de la crise sanitaire qui a mis les économies à l’arrêt? Un peu plus d’un mois après le déconfinem­ent (partiel), La Revanche de la nature, écrit par Aymeric Caron, paraît ce jeudi aux éditions Albin Michel. L’auteur de No Steak et Antispécis­te offre un témoignage de cette expérience, sous la forme d’un journal de bord, et évoque ses inquiétude­s pour le futur.

Comment avez-vous décidé d’écrire ce journal du confinemen­t ? J’ai eu l’idée de ce livre au moment des premières rumeurs selon lesquelles nous allions être confinés. Je l’ai proposée à mon éditeur avant l’annonce officielle. Je voulais qu’on garde une trace de cette expérience.

A la lecture, on ressent un sentiment étrange du fait de revivre cette expérience qu’on a envie d’oublier…

J’ai assez vite imaginé que les causes de cette pandémie seraient négligées, oubliées, laissées de côté. Je comprends qu’il puisse y avoir une gêne à se replonger dans cette expérience, mais c’est indispensa­ble : nous devons analyser ce qu’il vient de se passer, et le faire très vite, pour ne pas relancer les mécanismes de la folie destructri­ce qui ont provoqué, précisémen­t, cette crise. Pourquoi sortir votre livre aussi vite après le déconfinem­ent ?

Il y a une urgence absolue à changer d’imaginaire, aller vers d’autres voies politiques. C’est la raison de la rapidité de la publicatio­n de ce livre, afin d’alimenter le débat au moment où les décisions pour écrire le «monde d’après» sont en train d’être prises, et qu’elles nous engagent pour plusieurs années. Quelles leçons avez-vous tirées de cette crise sanitaire ?

Il s’agit avant tout d’une crise écologique sur laquelle j’écris depuis longtemps. Je fais partie de ceux, à ma très modeste mesure, qui tirent le signal d’alarme depuis longtemps. J’ai quand même appris une chose : le cynisme du gouverneme­nt n’a pas de limites. Je pensais que, dans de telles circonstan­ces, nous aurions la capacité d’avoir un débat serein sur le monde qu’on continue de détruire.

Quel est votre regard sur le monde de demain à travers le prisme de cette crise ?

Cette crise écologique intervient dans un contexte de tensions généralisé­es. Ce ne sont pas les tensions qui sont inquiétant­es, c’est la réponse en face. Il y a un déni absolu des autorités. C’est bien parce qu’on détruit les forêts pour aller chercher du minerai, pour planter du soja pour les animaux, que les habitats des animaux sauvages se réduisent. La destructio­n de ces forêts a réduit la frontière entre le monde sauvage et le monde humain. C’est la raison pour laquelle les agents pathogènes peuvent se propager si facilement. Pourtant, on voit bien que tout ce qui est mis en place est une consolidat­ion de ce modèle d’exploitati­on absolue et totale du vivant. C’est une aberration.

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Le journal du confinemen­t d’Aymeric Caron paraît ce jeudi.

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