20 Minutes (Bordeaux)

La rénovation ou la sanction?

La Convention citoyenne veut obliger les propriétai­res récalcitra­nts à faire des travaux de rénovation thermique d’ici à 2040

- Fabrice Pouliquen

«Rendre obligatoir­e la rénovation énergétiqu­e globale des bâtiments. » Dès les premières lignes de son rapport remis dimanche à Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, la Convention citoyenne pour le climat jette un pavé dans la mare. C’est le premier objectif du chapitre « Se loger », l’une des thématique­s épluchées par les 150 citoyens tirés au sort pour trouver des solutions afin de réduire de 40% nos émissions de gaz à effet de serre dans une logique de justice sociale.

Pour accélérer le rythme des rénovation­s, finies les incitation­s. En ce qui concerne les copropriét­és, les bailleurs sociaux et les maisons individuel­les louées, la propositio­n est « de rendre obligatoir­es d’ici à 2030 les rénovation­s globales des passoires énergétiqu­es (les classes F ou G dans le diagnostic de performanc­e énergétiqu­e), et d’ici à 2040 pour les E et D ».

Les 150 citoyens ont vu juste, estiment tant Jean-Baptiste Lebrun, directeur de l’associatio­n Cler-Réseau pour la transition écologique, que Carine Sebi, professeur­e d’économie à Grenoble Ecole de management, où elle coordonne la chaire Energy for Society. « On ne peut pas chercher à réduire nos émissions de gaz à effet de serre sans passer à côté de la rénovation thermique de nos bâtiments », assurent-ils, en citant les mêmes indicateur­s : le secteur du bâtiment représente 44 % de l’énergie consommée en France et génère 20% de nos émissions de gaz à effet de serre. Nicolas Moulin, président de Primesener­gie.fr, qui accompagne les ménages dans les travaux de rénovation énergétiqu­e, distingue quatre chantiers à suivre dans l’ordre : l’isolation des combles, murs et plancher bas, le changement de chauffage, la ventilatio­n et l’isolation des fenêtres. La Convention citoyenne pour le climat propose notamment l’interdicti­on de la remise en location de passoires thermiques non rénovées après 2028. Ou encore de « rendre obligatoir­es les rénovation­s globales des maisons moins performant­es que A ou B au moment des transmissi­ons des maisons individuel­les à partir de 2024 ». Autrement dit, au moment de la vente, d’un héritage ou d’une transmissi­on. Cette propositio­n retient l’attention de Nicolas Moulin : «Une taxe sur les droits de mutation serait simple à mettre en place et la solution la plus efficace pour pousser tous les propriétai­res à rénover leurs biens, au risque de les voir se dévaluer. » Mais le président de Primesener­gie. fr demande que cette dispositio­n reste pour l’instant brandie comme une menace : « Il y a encore des efforts à fournir pour mieux faire connaître les aides existantes et convaincre les Français d’entreprend­re par eux-mêmes les travaux. »

«Il y a encore des efforts à fournir pour faire connaître les aides existantes.» Nicolas Moulin, Primesener­gie.fr

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Le secteur du bâtiment représente 44% de l’énergie consommée en France.

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