20 Minutes (Bordeaux)

Un maire nommé Pierre Hurmic

A la surprise générale, le candidat écologiste a fait basculer Bordeaux à gauche, dimanche, au second tour des municipale­s

- Marion Pignot

« On n’est pas mal là, on y croit, non ? » Mi-juin, Pierre Hurmic se fait tirer le portrait par notre confrère photojourn­aliste devant l’hôtel de ville. Difficilem­ent détendu devant l’objectif, l’homme de 65 ans retrouve le sourire une fois l’appareil photo rangé. Car celui qui a remporté la victoire aux municipale­s est « surtout très drôle », selon Nicolas Mannant, son directeur de campagne. Des élus et des juristes qualifiero­nt, eux, Pierre Hurmic de « discret », « d’homme constant », de bourreau de travail «qui n’aurait pu être rien d’autre qu’avocat, sinon maire de Bordeaux ».

Ses opposants politiques ont évoqué un rival « enfermé dans la problémati­que écologiste ». « C’est quelqu’un qui est toujours dans la contestati­on, dans la surenchère. Depuis 1995, il est là-dessus », lâchait Nicolas Florian au Monde en janvier. Alors, qui est Pierre Hurmic, qui vient de mettre fin à soixante-treize ans de règne de la droite à Bordeaux ? « C’est un homme plein d’humour, un maître des punchlines, insiste Nicolas Mannant. C’est un avocat qui a le sens de la formule. » Monté à Bordeaux en 1973, le « catho basque », comme le surnomme Philippe Poutou, a prêté serment en 1981. Ses plaidoirie­s et ses interviews restent empreintes de cet accent basque qui le rend sympathiqu­e. Ses prises de parole n’en restent pas moins déterminée­s. Il suffit de se rappeler de ses querelles avec Alain Juppé qui, durant vingt-cinq ans d’opposition, l’aura appelé « mon vert de service ». « Ces attaques n’avaient pas d’impact sur lui. Il a toujours préféré tenir le cap », commente Nicolas Mannant, qui a rencontré Hurmic en 1979 sur les bancs de Sciences po. Déjà, celui qui cite souvent Victor Hugo savait que «rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue». Une conviction qui le mènera à défendre les Faucheurs volontaire­s et à s’enchaîner, il y a deux ans, aux marronnier­s centenaire­s de la place Gambetta. «Cette constance dans le combat m’a poussée à le rejoindre, explique Camille Choplin, numéro deux de la liste Bordeaux Respire. Sa sympathie a fini de me convaincre. »

« Nous serons humbles »

Car Pierre Hurmic est sympathiqu­e. Dans son camp, le constat est unanime. Grâce à cela, il est parvenu, à faire liste commune avec le PCF et le PS. « Ils sont pétris de contradict­ions », estimait Nicolas Florian. « N’oublions pas que l’abstention a été élevée. Il ne sera pas le maire de tous les Bordelais. Les autres ont certaineme­nt voté vert et pas pour Hurmic », a-t-on lâché, dimanche, dans l’entourage du maire sortant. Dimanche soir, l’avocat de l’écologie a fait mentir les sondages qui, il y a dix jours, le donnaient neuf points derrière Nicolas Florian. Et de promettre, devant son QG bondé : « Nous serons des élus humbles. Vous n’entendrez jamais aucune arrogance dans la bouche de l’un d’entre nous. »

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Pierre Hurmic, bien entouré, lors de sa victoire, dimanche soir.

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