L’agrivoltaïsme en pleine lumière
Le dispositif consiste à protéger ses terres et cultures tout en produisant de l’électricité
« Par le passé, nous plantions des abricotiers entre les vignes, toutes les trois ou quatre rangées », se souvient Pierre Escudié, vigneron et propriétaire du domaine de Nidolères, à Tresserre, près de Perpignan (PyrénéesOrientales). « A l’époque, l’idée était bien plus d’avoir deux récoltes, et ainsi un complément de revenus, que de faire de l’ombre aux vignes et donc les protéger de la chaleur », précise-t-il. Aujourd’hui, les abricotiers ont disparu, mais le soleil cogne toujours aussi fort dans la région. « Le risque est que les raisins mûrissent trop vite, et soient trop chargés en sucre, expose Christian Dupraz, chercheur en agroforesterie à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Ça fait de l’alcool, certes, mais pas du bon vin.» Alors, pour limiter les risques,
Pierre Escudié s’est converti à l’agrivoltaïsme, soit produire de l’électricité tout en protégeant ses cultures, en se tournant vers Sun’Agri.
«Piste de recherche»
Depuis 2009, l’entreprise travaille à la mise au point d’un système de panneaux photovoltaïques à installer au-dessus des cultures. Suffisamment haut pour que les tracteurs puissent passer dessous. Suffisamment mobile pour que les panneaux puissent tantôt laisser passer la lumière dont ont besoin les cultures, tantôt leur apporter de l’ombre ou les protéger des fortes pluies, des gels et des excès climatiques. « C’est le même principe que la persienne dans votre bureau », compare Antoine Nogier, président fondateur de Sun’Agri.
A Nidolères, il est difficile encore de se faire une idée de l’apport de l’agrivoltaïsme. La centrale a été inaugurée en novembre 2018, et, sous les panneaux, pas de vignes matures encore, mais de jeunes plants pour lesquels le vigneron espère une première vendange l’an prochain. Si Christian Dupraz ne veut pas promettre de miracle grâce à l’agrivoltaïsme – « Tout dépend de la météo », admet-il –, il considère toutefois qu’il s’agit d’une «importante piste de recherche et de développement pour la transition écologique ». Tant et si bien qu’un premier congrès mondial sur le sujet doit se tenir en octobre à Perpignan.