Un institut prend en charge les femmes excisées
Un institut régional ouvre ce lundi à Bordeaux pour accompagner les mineures et femmes victimes de mutilations sexuelles
Proposer une prise en charge globale (psychologique, sociale et médicale) aux filles et femmes victimes d’excisions, c’est la mission que veut remplir l’institut régional qui ouvre ce lundi à Bordeaux sous l’impulsion de l’association Les Orchidées Rouges. Sa fondatrice, Marie-Claire Kakpotia, Moraldo qui a grandi dans le nord de la Côte d’Ivoire, a été excisée à neuf ans pendant des vacances scolaires chez une tante, alors que sa mère y était opposée. « Je me suis fait opérer le 7 décembre 2016 et c’est ma deuxième date de naissance, je suis enfin devenue entière, livre-t-elle. J’avais déjà fait un travail psychologique énorme, mais ce sentiment de ne pas être entière subsistait. » Réparée, elle veut à présent donner à d’autres femmes victimes de mutilations sexuelles l’opportunité de se reconstruire et de bénéficier d’une chirurgie réparatrice de l’excision si elles en éprouvent le besoin. L’institut bordelais mobilise une équipe pluridisciplinaire de 25 personnes (gynécologues, médecins généralistes, sexologues, professionnels du bien être, travailleurs sociaux, psychologues etc.). Les associations de la région susceptibles de rentrer en contact avec des victimes de mutilations sexuelles ont été sensibilisées en amont au travail de l’institut et y orienteront ce public.
Reconstruction psychologique
« On crée toute une bulle autour des femmes pour qu’il n’y ait pas de rupture dans l’accompagnement », souligne la fondatrice des Orchidées Rouges. Une infirmière les accueille et recueille leurs histoires, un gynécologue diagnostique le type d’excision qu’elles ont subie et éventuellement elles sont orientées vers la clinique Jean Villar dans laquelle travaille un chirurgien membre de l’association et formé à la chirurgie réparatrice de l’excision. L’objectif de l’institut n’est pas de proposer systématiquement une intervention chirurgicale mais de s’adapter à chaque cas. « Certaines femmes excisées peuvent retrouver des sensations sans chirurgie alors que d’autres qui ont des douleurs pendant les rapports vont en avoir besoin », avance Marie-Claire Kakpotia Moraldo. La priorité de l’association porte sur la reconstruction psychologique des femmes accompagnées, qu’il y ait chirurgie ou pas.
Depuis sa création en mars 2017, l’association est de plus en plus sollicitée, notamment par des jeunes filles nées en France qui ont été excisées pendant des vacances scolaires dans la famille de leurs parents. L’épidémie de coronavirus a aussi eu pour effet d’augmenter le nombre d’excisions, puisque l’activité des associations qui luttent contre ces mutilations a diminué ces derniers mois. L’association bordelaise estime qu’elle aura les moyens d’accompagner 300 petites filles et femmes par an.