20 Minutes (Bordeaux)

«Un millésime comme 2011»

Vins Antoine Médeville, oenologue chez OEnoconsei­l, livre ses premières impression­s sur la future cuvée 2020

- Propos recueillis par Elsa Provenzano

Alors que les vendanges ont commencé il y a une quinzaine de jours dans le Bordelais, l’oenologue Antoine Médeville d’OEnoconsei­l partage ses premières impression­s sur le futur millésime 2020. Et attention, un été marqué par la chaleur ne présage pas forcément d’un grand millésime, estime-t-il. Les conditions sont tout de même favorables à un bon cru, comparable à 2011.

Les vendanges ont-elles été particuliè­rement précoces cette année ?

Si on regarde les vingt dernières années, 2003 reste plus précoce et après arrivent 2011, 2017 et, oui, 2020. C’està-dire que, selon les propriétés, à un ou deux jours près, dans un sens ou dans l’autre, on est sur les mêmes dates de récoltes pour ces millésimes.

Les tout premiers ont commencé à couper du raisin il y a une quinzaine de jours. Au niveau du Médoc, les terroirs les plus précoces attaquent les cabernet-sauvignon et les tardifs, les merlots.

Comment s’annonce ce millésime 2020 dans le Bordelais ?

Pour l’instant, cela semble plutôt pas mal, même s’il ne faut pas tirer de conclusion hâtive. Les conditions sont plutôt favorables à ce qu’on ait des vins bien équilibrés, plutôt sur le fruit, qui ne soient pas trop alcoolisés, mais avec une bonne acidité.

Est-ce que les épisodes caniculair­es présagent forcément des vins intéressan­ts, comme, par exemple, le très bon cru 2009 ?

Je pense qu’il y a des années chaudes qui ne donnent pas forcément les meilleurs millésimes dans la garde. 2016 est un millésime très tardif est c’est sans doute l’un des plus grands dans le Bordelais. Pour les vins rouges, on a besoin de nuits fraîches et de journées chaudes, cela produit un stress sur la vigne qui permet d’avoir des vins structurés, tout en gardant de la fraîcheur.

De ce qu’on en sait pour l’instant, de quelle année se rapprocher­ait le millésime 2020 ?

On est sur un millésime comme 2011, celui-ci a été un peu décrié d’abord, mais c’est un très bon millésime qui a eu simplement le tort d’arriver après 2009 et 2010, et il s’est dit qu’on ne pouvait pas faire trois millésimes bons de suite à Bordeaux. Certains parlent d’un futur 2016, je n’y crois pas trop. Pour moi, 2016 reste une référence. Mais ça se présente plutôt bien, on y verra plus clair dans trois semaines à un mois. Je préfère dire un bon avant de dire un très bon millésime.

Les vendanges ne sont pas encore terminées. Des pluies marquées pourraient-elles changer la donne ? Si on a entre 5 à 15 ml, ce n’est pas gênant et [ce serait] même bien pour le Sauternais. Mais pour les rouges, si on peut ne pas en avoir, ce serait mieux. S’il pleut beaucoup, il faudra même, peut-être, accélérer les vendanges.

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Le cru 2020 se présente «plutôt bien» pour Antoine Médeville.

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