La Rue bordelaise pas encore sortie de l’impasse
Le directeur général d’Euratlantique prévient que si le projet devait être remis en cause, «des indemnisations seront à verser»
C’est un des principaux projets urbanistiques de ces prochaines années à Bordeaux. Et il avait fait l’objet de discussions animées lors de la campagne des municipales. La Rue Bordelaise, ce méridien qui doit relier la gare Saint-Jean à la Garonne, verra-t-elle finalement le jour ? Implanté sur le secteur de l’Opération d’intérêt national Euratlantique (lire ci-dessous), ce projet représente pas moins de 500 millions d’euros d’investissement par l’aménageur Apsys. Ce programme mixte d’environ 80 000 m2 intègre du logement, des bureaux, des hôtels et surtout du commerce : plus de 30 000 m2 de surfaces commerciales, dont 23 000 m2 pour de nouvelles enseignes. C’est là que le bât blesse du côté de la nouvelle majorité municipale… Durant la campagne, Pierre Hurmic avait annoncé qu’il « stopperait » le projet pour le « réexaminer en concertation avec les habitants et les commerçants. » « J’en ai parlé à Pierre Hurmic dès que je l’ai vu après son élection en juillet, explique à 20 Minutes Stephan de Faÿ, le directeur général de Bordeaux-Euratlantique. Il adhère plutôt au geste urbain, mais il a des doutes sur le programme. Aujourd’hui, il faut qu’on lui présente plus en détail le projet, et regarder ce qui peut éventuellement évoluer. Des décisions seront prises dans le courant du premier semestre 2021.»
«Pas avant 2026-2027»
En attendant, « le projet est mis en pause », annonce le patron d’Euratlantique. Et alors qu’il devait initialement sortir de terre en 2023, ce ne sera finalement « pas avant 2026-2027 ». S’il se fait… Car la question de l’abandon total du programme n’est pas à écarter. «Si le maire n’en veut pas, nous ferons autre chose, assure Stephan de Faÿ, nous n’irons pas au bras de fer avec Pierre Hurmic. » Toutefois, il prévient : « Je lui ai clairement dit que des indemnisations seront à verser en cas d’abandon. »
Il n’empêche que Stephan de Faÿ croit «profondément à ce projet. Et tout le monde est d’accord pour faire quelque chose à cet endroit, car cette entrée de ville est délabrée. » Le patron d’Euratlantique estime aussi que ce programme a du sens commercialement : « Il s’agit de réinternaliser de l’immobilier commercial en coeur de ville, pour en finir avec ces boîtes à chaussures qui façonnent le périurbain. Aujourd’hui, si Ikéa veut venir dans le centre-ville bordelais, il ne le peut pas, parce qu’il a besoin de 6 000 ou 7 000 m2. Rien n’est signé, mais Ikéa tourne autour de cette zone depuis longtemps. » En revanche, l’autorité environnementale recommande une réduction du nombre de places de stationnement, d’environ un millier dans le projet actuel. Stephan de Faÿ en convient : « Si nous voulons aller au bout de notre logique, il faut réduire drastiquement les places de parking, car il ne faut pas que ce soit un aspirateur à bagnoles. »